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CORRESPONDANCE.
3727. — À M. THIERIOT.
Aux Délices, 24 décembre.

Vous vous trompez, mon ancien ami, j’ai quatre pattes au lieu de deux. Un pied à Lausanne, dans une très-belle maison pour l’hiver ; un pied aux Délices, près de Genève, où la bonne compagnie vient me voir : voilà pour les pieds de devant. Ceux de derrière sont à Ferney et dans le comté de Tournay, que j’ai acheté, par bail emphytéotique, du président de Brosses.

M. Crommelin se trompe beaucoup davantage sur tous les points, La terre de Ferney est aussi bonne qu’elle a été négligée ; j’y bâtis un assez beau château ; j’ai chez moi la terre et le bois ; le marbre me vient par le lac de Genève. Je me suis fait, dans le plus joli pays de la terre, trois domaines qui se touchent. J’ai arrondi tout d’un coup la terre de Ferney par des acquisitions utiles. Le tout monte à la valeur de plus de dix mille livres de rente, et m’en épargne plus de vingt, puisque ces trois terres défrayent presque une maison où j’ai plus de trente personnes, et plus de douze chevaux à nourrir.


Nave ferar magna an parva, ferar unus et idem.

(Hor., lib. II, ep. ii, v. 200.)

Je vivrais très-bien comme vous, mon ancien ami, avec cent écus par mois ; mais Mme Denis, l’héroïne de l’amitié, et la victime de Francfort, mérite des palais, des cuisiniers, des équipages, grande chère, et beau feu. Vous faites très-sagement d’appuyer votre philosophie de deux cents écus de rente de plus.


· · · · · · · · · · Tractari mollius ætas
Imbecilla volet.

(Hor., lib. II, sat. ii, v, 85.)

Et il vous faut :


· · · · · · · · · · Mundus victus, non deficiente crumena

(Hor. lib. I, ep. iv, v, 85)