Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aisé à faire. Je recommande à Loup d’avoir soin de fermer la grille d’entrée de ma maison les dimanches. Il condamnera la petite porte jaune « qui va de la cour au jardin, et il empêchera d’entrer dans le jardin, et de le détruire, comme on a déjà fait. Les allées de gazon qu’on a semées dans le jardin seraient absolument gâtées, et c’est une raison à opposer à l’indiscrétion des inconnus qui veulent entrer malgré les domestiques.

Je prie M. Colini de renvoyer les maçons, au reçu de ma lettre : ils n’ont plus rien à faire ; mais je voudrais que les charpentiers pussent se mettre tout de suite après le berceau, du côté de la Brandie.

Il faut que les domestiques aient grand soin de remuer les marronniers, d’en faire tomber les hannetons, et de les donner à manger aux poules.

Voilà à peu près, mon cher Colini, toutes mes grandes affaires. Ne m’envoyez point mes lettres à Berne, mais à Monrion.

Je vous embrasse. V.


3175. — À M. BERTRAND[1].
À Monrion, 26 mai 1756.

Mon cher monsieur, notre hôte[2] du Faucon doit me pardonner de ne pas acheter ses tableaux, attendu que les dépenses nécessaires vont avant le superflu, et qu’il faut commencer par avoir du linge et des commodes avant d’avoir des curiosités. Je pourrai, à mon retour à Berne, consoler notre ami Fersen par quelques achats, car assurément je reviendrai vous voir. Quant aux six louis d’or, je les lui donne du meilleur de mon cœur. Je voudrais lui en avoir donné quatre fois davantage et avoir demeuré quatre jours de plus auprès de vous ; il est vrai que tous nos gens ayant leur argent à dépenser, indépendamment de ces six louis, Mme Denis, ma trésorière, avait trouvé la somme un peu forte, et que, jugeant par là du prix des tableaux, elle a mieux aimé mettre mon argent à des draps et à des serviettes ; ainsi, en brave économe, elle a donné la préférence à M. Panchaud. Au reste, j’ai écrit un petit mot de consolation à cet hon-

  1. Magasin universel, 1838-1839, tome VI.
  2. Voltaire était allé voir à Berne le pasteur Bertrand, et avait logé à l’auberge du Faucon, rue du Marché.