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3173. — À M. COLINI.
À Berne[1], 18 mai.

Si vous nous envoyez quelques lettres adressées aux Délices, ne nous en envoyez à Berne qu’une fois, et gardez les suivantes jusqu’à nouvel ordre, mon cher Colini : car nous sommes un peu en l’air. Nous irons à Soleure[2], de là nous retournons à Monrion, et nous regagnons ensuite notre lac de Genève.

Je vous prie d’ordonner qu’on refasse le talus que les eaux avaient emporté vers la Brandie, qu’on le sème de fenasse, et qu’on laisse deux petites rigoles pour l’écoulement des eaux à travers les haies ; c’est Loup qui doit prendre ce soin. Il faut que les charpentiers fassent en diligence le berceau qui doit être posé vis-à-vis la Brandie, et que l’on prépare des couleurs pour le peindre. Je vous prie d’ordonner aux jardiniers d’arroser les fleurs et les gazons de la terrasse. Je compte retrouver tout très-propre. Il faut que Boësse[3] presse les travailleurs. Voilà de bien menus détails.

Je vous embrasse de tout mon cœur.


3174. — À M. COLINI.
À Berne, 23 mai.

Il faut que Loup fasse venir de gros gravier, qu’on en répande, et qu’on raffermisse depuis le pavé de la cour jusqu’à la grille qui mène aux allées des vignes. Ce gravier ne doit être répandu que dans un espace de la largeur de la grille. Les jardiniers devraient déjà avoir fait deux boulingrins carrés, à droite et à gauche de cette allée de sable, en laissant trois pieds à sabler aux deux extrémités de ce gazon, comme je l’avais ordonné.

Je prie M. Colini de recommander cet ouvrage, qui est très--

  1. Voltaire alla voir à Berne le pasteur Bertrand, les avoyers Steiger et Tiller, ainsi que le banneret Freudenreich. Il descendit à l’auberge du Faucon, rue du Marché. (Cl.)
  2. Chavigny, ambassadeur de France en Suisse, résidait à Soleure, et ce fut lui que Voltaire alla y voir. Colini, qui parle de ce voyage dans ses Mémoires, n’en connut jamais le motif précis ; il dit seulement que Voltaire, en allant à Soleure, devait avoir des vues bien importantes. Je crois que Chavigny proposa à l’ancien ami de Frédéric de retourner à Potsdam pour y négocier secrètement : ce que Voltaire eut la prudence de refuser (voyez lettres 3180 et 3183). (Cl.)

    — L’ermite des Délices fit un autre voyage à Soleure, comme le prouve la date de sa lettre du 19 août 1758, à l’abbé de Bernis.

  3. Valet de chambi’e de Voltaire.