Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/540

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
530
CORRESPONDANCE.

fautes ; je n’eus pas le temps de tout corriger. Je crois que les Cramer donneront volontiers à la veuve ; vingt-cinq louis d’or ; mais je n’ai pu réussir à en faire donner davantage.

Je crois la veuve mal à son aise, et le roi, son nouveau maître, pourra bien être hors d’état de faire des pensions aux veuves.

Je ne lirai pas plus, mon cher ami, les libelles du Mercure germanique que ceux de Neuchâtel ; toutes ces pauvretés tombent dans un éternel oubli, après avoir vécu un jour.

Il est toujours question de tremblements ; celui de Syracuse n’a pas été si considérable, qu’on le disait. Il y en a eu un au Havre-de-Grâce, qui a renversé des maisons. Je n’ai pas sur ces phénomènes des notions bien détaillées ; je sais seulement que la terre tremble depuis deux ans, et que les hommes ensanglantent sa surface depuis longtemps.

Je plante en paix des jardins, et quand j’aurai planté, je reviendrai à Lausanne, où je voudrais bien vous tenir. Je vous prie, mon cher théologien raisonnable, d’assurer M. et Mme de Freudenreich de mes respects. Valeas. V.


3696. — DE M. LE PRÉSIDENT DE BROSSES[1].
À Montfalcon, par Mâcon, le 12 novembre.

Votre dernière lettre, monsieur, vient de m’être renvoyée dans ma terre de Bresse, où je suis venu seul passer une quinzaine de jours pour régler quelques affaires. Je vois que vous voulez me faire plus riche d’un capital de dix mille écus, à moins que je ne le mange, comme cela arrivera infailliblement. Allons, il m’en va coûter mille sept cents francs de rente, que je sacrifie pour procurer à ma vieille terre la gloire de posséder un homme illustre qui l’immortalisera par quelque poëme œre perennius.

De grâce faites-lui cet honneur de la chanter à côté du lac, cela ne vous coûte guère. Je vous livrerai donc l’usufruit viager de la seigneurie, du château, et du domaine du château, tel et ainsi qu’en jouit le sieur Chouet par son bail actuel. Je n’entre pas dans le détail des autres articles portés par votre dernier mémoire responsif, parce qu’il se réfère assez au mien, et

  1. Éditeur, Th. Foisset. — Ceci est une réponse à une lettre de Voltaire qui s’est perdue. Voici comment. Après le décès du président de Brosses et durant l’émigration de ses enfants, M. de Tournay, son frère, resta dépositaire de ses papiers. Ce dernier étant mort le 21 janvier 1793, sa veuve se remaria. Des personnes que j’ai lieu de croire bien informées assurent que le second mari de cette dame avait gaspillé, au profit de quelques curieux, la correspondance de Voltaire avec le président. (Note du premier éditeur.)