après avoir eu la force de faire hardiment une bonne œuvre qui devait imposer silence à ces marauds. Je parle un peu en homme qui a des tours et des mâchicoulis[1], et qui ne craint point le consistoire.
Vous n’êtes point venu aux Délices, mais j’espère que nous vous posséderons dans le château de Ferney, et que je vous donnerai, comme M. de Sotenville, le divertissement de courre un lièvre[2]. Mille respects à Mme de Brenles. Bonsoir, mon cher ami. V.
Il vous a été facile de juger de ma douleur par la perte que j’ai faite[3]. Il y a des malheurs réparables par la constance et par un peu de courage ; mais il y en a d’autres contre lesquels toute la fermeté dont on veut s’armer et tous les discours des philosophes ne sont que des secours vains et inutiles. Ce sont de ceux-ci dont ma malheureuse étoile m’accable dans les moments les plus embarrassants et les plus remplis de ma vie.
Je n’ai point été malade, comme on vous l’a dit ; mes maux ne consistent que dans des coliques hémorroïdales, et quelquefois néphrétiques. Si cela eût dépendu de moi, je me serais volontiers dévoué a la mort, que ces sortes d’accidents amènent tôt ou tard, pour sauver et pour prolonger les jours de celle qui ne voit plus la lumière. N’en perdez jamais la mémoire, et rassemblez, je vous prie, toutes vos forces pour élever un monument à son honneur. Vous n’avez qu’à lui rendre justice ; et, sans vous écarter de la vérité, vous trouverez la matière la plus ample et la plus belle.
Je vous souhaite plus de repos et de bonheur que je n’en ai.
Mon affaire avec le marquis Ango est fort sérieuse, mon cher et ancien ami ; mais vous l’avez rendue si plaisante par votre aimable lettre que je ne peux plus m’affliger. Le constat de cadavere me fait encore pouffer de rire. Je crois ce puant marquis bien en colère que je vive encore, et que j’aie douté de son