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ANNÉE 1758.

Mon grand désir est de vous revoir, vous et M. et Mme de Freudenreich, à qui je vous prie de présenter mes respects. V.


3688. — À M. PESSELIER[1].
Aux Délices, 30 octobre.

Enfin, monsieur, à force de recherches, j’ai découvert tout ce que je vous dois. Ce rouleau, dont vous m’avez favorisé, était à Lausanne depuis longtemps, avec des cartes géographiques et des estampes qu’on m’avait envoyées de Pétershourg. J’ai fait tout revenir, et je me hâte de vous faire mes remerciements. Je savais déjà, par les vers agréables qu’on a imprimés de vous, avec quel succès vous cultivez les belles-lettres, et j’avais vu dans l’Encyclopédie quelles sont vos profondes connaissances sur beaucoup d’objets utiles.


Omne tulit punctum, qui miscuit utile dulci.

(Hor., de Art. poet., v. 343.)


Voilà votre devise ; la mienne est : Si placeo, tuum est[2].

Mèrope ne s’attendait pas à être traitée aussi honorablement que la finance. Le Parnasse et le trésor royal vous ont bien de l’obligation. Vous avez un double droit à mon estime et à ma reconnaissance. Si j’étais contrôleur général, vous auriez une pension : et si je faisais encore des vers, je vous chanterais.

Recevez, monsieur, les assurances de l’attachement sincère du vieux Suisse V.


3689. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE[3].
Novembre 1758.

Je ne mérite pas toutes les louanges que vous me donnez. Nous nous sommes retirés d’affaire par des à-peu-près ; mais avec la multitude de monde auquel il faut nous opposer, il est presque impossible de faire davantage : nous avons été vaincus, et nous pouvons dire, comme François Ier : Tout a été perdu, hors l’honneur[4]. Vous avez grande raison de regretter le maréchal Keith ; c’est une perte pour l’armée et pour la société. Daun avait saisi l’avantage d’une nuit[5] qui laissait peu de place au courage ; mais mal-

  1. Ch.-Ét. Pesselier, né à Paris en 1712, mort en 1763.
  2. Horace, livre IV, ode iii, vers 24.
  3. Cette lettre, que donne Beuchot, n’est pas dans l’édition de Preuss.
  4. Ce n’est pas tout à fait l’expression de François Ier ; voyez tome XII, page 259.
  5. Vovez la lettre 3684.