Je voudrais bien avoir les Pensées du citoyen de Montmartre[1] ; vous êtes à portée de me les envoyer. Je ne sais point encore quand les Cramer mettront en vente leur édition. Je vais passer quelques jours à mon ermitage, au bord du lac. Je vais de retraite en retraite. Vous qui êtes dans le fracas de Paris, au milieu de ce qu’il y a de bon et de mauvais, vous devriez bien me mander ce que vous croyez digne de l’être.
Bonsoir, mon cher ami ; portez-vous mieux que moi ; je serais trop heureux si j’avais de la santé[2].
Je vous suis bien obligé, monsieur, du nouvel ouvrage que vous m’avez envoyé, et que j’ai lu avec bien du plaisir et de la satisfaction. Ces deux morceaux de poésie peuvent être mis au nombre de vos autres ouvrages, desquels on peut dire, à bien juste titre, l’axiome de Pope : Tout ce qui est est bien. En effet cela convient mieux à vos ouvrages, en particulier, qu’à l’espèce humaine en général.
Je serais bien charmé si la belle saison où nous allons entrer me procurait le plaisir de vous revoir à Schwetzingen cet été. Je compte y être au commencement de juin. Peut-être que le changement d’air fera du bien à votre santé. Sûrement je serai bien charmé de pouvoir passer bien des heures si utilement et si agréablement avec une personne de votre mérite. Soyez persuadé de l’estime avec laquelle je suis, etc.
Mon cher Colini, je vous suis obligé de toutes vos attentions. Mme Denis répondra sur l’article de Palais[3]. Pour moi, j’ai à cœur que Loup fasse un marché avec le batelier, et qu’il vous en instruise avant de conclure.
Je crois qu’il faudra que vous changiez de chambre, pendant que l’on mettra en couleur le vestibule de l’escalier. Il faudra
- ↑ Pensées philosophiques d’un citoyen de Montmartre, la Haye, 1756. Pamphlet du jésuite Sennemaud contre les philosophes.
- ↑ Ce dernier alinéa est de la main de Voltaire.
- ↑ Voltaire entend parler ici d’un provision de paille à prendre probablement à Plain-Palais, quartier voisin des murs de Genève. — Loup était un domestique de Voltaire agriculteur. (Cl.)