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ANNÉE 1758.

famille, si votre santé est toujours ferme. Nous sommes à peu près du même âge, et nous ne devons plus songer l’un et l’autre qu’à passer doucement le reste de nos jours. Le climat où je suis n’est pas si beau que celui de Surate ; les bords de l’Inde doivent être plus fertiles que ceux du lac Léman. Vous devez avoir des ananas, et je n’ai que des pèches ; mais il faut que chacun fasse son propre bonheur dans le climat où le ciel la place.

Adieu, mon ancien camarade ; je vous souhaite des jours longs et heureux, et suis, de tout mon cœur, votre, etc.


3665. — À M. HENNIN.
Aux Délices, 25 septembre.
(partira quand pourra.)

La lettre[1] dont vous m’honorez, monsieur, marque bien la bonté de votre cœur. Vous voulez bien vous souvenir d’un homme qui n’a d’autre mérite que d’avoir été infiniment sensible au vôtre, et vous avez rempli pour feu notre pauvre Patu[2] des devoirs dont les amitiés ordinaires se dispensent. J’ignore si mes remerciements vous trouveront encore à Turin ; je présume que vous laissez partout votre adresse, et qu’on peut vous écrire en toute sûreté. Je vous demanderai en grâce de revoir mon ermitage, au retour de vos voyages ; mais c’est une chose que je désire plus que je ne l’espère. Vous me retrouverez aussi tranquille que vous m’avez laissé, et probablement je ne sortirai pas de chez moi pendant que vous courrez le monde.

Vous reviendrez


· · · · · · · · · · spolis Orientis onustus.

(Virg.,. Æneid., lib. I, v. 293.)


Personne n’a jamais mis plus à profit ses voyages ; vous vous instruisez de tout, en attendant que vous soyez fixé par quelque poste agréable. Il n’en est point dont vous ne soyez digne. Vous avez devant vous l’avenir le plus flatteur ; vous joindrez toujours l’étude aux affaires, et par là votre vie sera continuellement et solidement occupée. Je ne connais point d’état préférable au

  1. Hennin avait écrit de Turin à Voltaire, le 17 septembre ; voyez no 3659.
  2. Voyez page 497.