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CORRESPONDANCE.

Si vous approuvez mes idées, je mets les maçons en besogne, je trace un jardin, je plante des arbres à la réception de votre lettre, et j’attends de vous du plant de Bourgogne pour vous faire boire du vin du cru quand vous viendrez voir votre royaume de Tournay.

En cas que j’aie l’honneur de terminer avec vous, il me semble que le secret sur la nature de nos conventions est la chose la plus convenable. L’affaire des Russes n’est pas tirée au clair ; mais les apparences sont qu’ils ont perdu une très-grande bataille. Laissons les fous s’égorger, et vivons tranquilles. Le fatras de l’Esprit d’Helvétius ne méritait pas le bruit qu’il a fait. Si l’auteur devait se rétracter, c’était pour avoir fait un livre philosophique sans méthode, farci de contes bleus !

Ut ut est, conservez l’honneur de vos bonnes grâces au vieux Suisse V., âgé de soixante-quatre ans, et bientôt de soixante-cinq.

Encore un mot. Si le problème que je propose à résoudre paraît trop compliqué, vous le simplifierez par l’équation qui vous paraîtra la plus convenable. Mais point de seigneur suzerain, point de lods et ventes, point de vingtièmes, point de capitation, point d’intendant, ni de subdélégué, si fas est.

Voyez, par exemple, monsieur, si vous n’aimeriez pas mieux que je rendisse le château logeable plutôt que d’y faire un pavillon qui rendrait ce château trop vilain. En ce cas, je vous donnerais une somme plus forte argent comptant. Vous auriez bien moins à rendre après ma mort, et votre terre serait toujours embellie et améliorée. Vous pourriez convenir de payer après ma mort la moitié des frais des réparations et embellissements nécessaires au château.

Voilà de quoi exercer à la fois a votre esprit et votre équité. Il faudra qu’il y ait bien du malheur si nous ne nous arrangeons pas.

Je vous présente mon respect. V.

N. B. que votre terre est dans un état déplorable, et qu’on détruit votre forêt.


3663. — DE M. LE PRÉSIDENT DE BROSSES[1].
Septembre 1758.

Tel que l’ange de l’Apocalypse, qui avait un pied sur la terre et l’autre sur la mer, vous voulez donc, monsieur, avoir un pied en république et

  1. Éditeur, Th. Foisset.