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CORRESPONDANCE.
3638. — À M. COLINI.
À Schwetzingen, 2 août.

Je compte arriver, mon cher Colini, lundi au soir, 7 du courant, à Strasbourg, et je me flatte de vous y embrasser. Je coucherai ce jour-là chez M. Turckeim, et mardi chez Mme la comtesse de Lutzelbourg.

On se réjouit à Schwetzingen comme on faisait quand nous y séjournâmes en 1753. Les choses sont changées ailleurs.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur. V.


3639. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.

J’ai vu les Van der Meulen, après bien des peines. Ils sont, comme je l’avais prévu, des répétitions, des seconds originaux de la main de maître, et sont très-beaux. Il y en a six surtout qui méritent d’orner un palais ; un septième est assez peu de chose. J’ai vu aussi un Van Dyck qui vaut tous les Van der Meulen. Son seul défaut est sa grandeur. Je voudrais que l’impératrice achetât cette belle collection.

Je pars, madame, avec une douleur très-vive. Vous m’avez donné la plus grande envie du monde de troquer la Suisse contre la Lorraine. Il faut absolument être votre voisin.

Mon cœur est à vous, madame, avec le plus tendre respect.


3640. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].
À Colmar, en Alsace, 14 août.

Madame, je reçus en partant de la cour palatine la lettre par laquelle Votre Altesse sérénissime daignait m’apprendre que son affaire était presque finie avec le Genevois La Bat, nouveau baron de Grandcourt. Je suis sensiblement affligé que les descendants d’Albert le Dépravé aient eu besoin du Genevois La Bat. Mais je me tiens le plus heureux des hommes d’avoir reçu des ordres de Vos Altesses sérénissimes dans cette occasion. Si les horreurs de la guerre continuent, s’il y a quelque autre moyen de prouver mon zèle et mon attachement à la plus digne princesse que j’aie jamais vue, je serai toujours tout prêt tant que j’aurai un reste de vie. Si j’avais été en Angleterre ou en Hollande, je me serais

  1. Éditeurs, Bavoux et François.