durement Pierre Bayle. Le parlement de Toulouse honora un peu plus sa mémoire ; mais altri tempi, altre cure.
L’auteur des Notes sur le Sermon de Lisbonne ne pouvait prévoir qu’on ferait une Saint-Barthélemy de Bayle, du pauvre jésuite Berruyer, de l’évêque de Troyes[1], et de je ne sais quelle Christiade. Il faut retrancher tout ce passage : « Je crois devoir adoucir ici, etc. » (page 20), et mettre tout simplement : « Tout sceptique qu’est le philosophe Bayle, il n’a jamais nié la Providence, etc. ; » et, à la fin de la note, il faut retrancher ces mots : « C’est que les hommes sont inconséquents, c’est qu’ils sont injustes. » Ces mots étaient une prophétie ; supprimons-la. Les prophètes n’ont jamais eu beau jeu dans ce monde. Mettons à la place : « C’est apparemment pour d’autres raisons qui n’intéressent point ces principes fondamentaux, mais qui regardent d’autres dogmes non moins respectables. » Je vous prie, mon ancien ami, de ne pas négliger cette besogne ; elle est nécessaire. Il se trouve, par un malheureux hasard, que la note, telle qu’elle est, deviendrait la satire du discours d’un avocat général[2] et d’un arrêt du parlement ; on pourrait inquiéter le libraire, et savoir mauvais gré à l’éditeur ; le pauvre père Berruyer sera de mon avis. Tâchez donc, mon ancien ami, de raccommoder par votre prudence la sottise du hasard.
Je crois actuellement M. de Richelieu dans Port-Mahon ; il n’est pas allé là par la cheminée[3].
Je vous embrasse de tout mon cœur.
Thieriot me mande, mon divin ange, que vous avez été content de l’édition de mes sermons, que ma morale vous a plu, que les Notes ont eu votre approbation ; mais vous saviez l’affront qu’on venait de faire au père de l’Église des sages, à Bayle. On venait de le traiter comme le père Berruyer et comme la Christiade ; on l’associait à l’évêque de Troyes. On brûlait tout, et Ancien et Nouveau Testament, et mandements, et philosophie. Cette capilotade est assez singulière, et le discours de M. Joly peu courtois