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ANNÉE 1758.

vant leurs dates. Il faut plaire au grand nombre des lecteurs ; et ce n’est qu’en sachant jeter de l’intérêt et de la variété dans son ouvrage qu’on peut se faire lire, ou plutôt, monsieur, ce n’est qu’en vous consultant. Il y aura des défauts qu’il faudra imputer à la faiblesse de ma santé, à mon âge avancé, et non au défaut de mon zèle. Je reprendrais de nouvelles forces si je pouvais me flatter de satisfaire votre cour par mon travail, et surtout l’auguste fille du héros dont j’écris l’histoire. Peut-être, en lisant les deux essais que je vous soumets, il vous viendra quelque nouvelle idée. Vous pouvez, monsieur, me faire fournir quelques pièces utiles ; disposez de moi et du peu de temps qui me reste à travailler et à vivre.

J’ai l’honneur d’être, avec le zèle le plus empressé, etc.


3614. — À M. BERTRAND.
Aux Délices, 7 juin.

Je vous remercie, mon cher philosophe, de l’ouvrage[1] sur l’ancienne langue de notre pays roman. Je voudrais seulement qu’il fût plus long.

Les libraires de Paris me paraissent aussi intéressés que tous les libraires de ce monde, et je ne sais s’ils entendent bien leurs intérêts. Il faut que les marchands, associés pour débiter nos pensées, tiennent un grand conseil dans lequel on décidera, à la pluralité des voix, s’il est convenable à leur république d’envoyer un exemplaire de leur Encyclopédie à un homme qui veut bien avoir la bonté de travailler pour eux. Briasson, le libraire, me mande qu’il attend le résultat de ce grand conseil. On a mis bien des sottises dans l’Encyclopédie, les libraires en font de leur côté ; ainsi va le monde, ainsi vont nos affaires de terre et de mer. Mille tendres respects à M. et Mme « Freudenreich. Bonsoir, mon cher philosophe.


Le malade suisse V.

3615. — À M. LE COMTE DE TRESSAN.
7 juin.

M. de Florian ne sera pas assurément le seul, mon très-cher gouverneur, qui vous écrira du petit ermitage des Délices ; c’est

  1. Recherches sur les langues anciennes et modernes de la Suisse, etc., par Élie Bertrand ; 1758, in-8°.