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qu’en vous déclarant celui de cœur, un des plus vifs plaisirs que je ressens est de vous savoir, partout où vous êtes, aussi parfaitement content que vous le méritez, et aussi constamment que je suis, avec toute estime et considération, votre très-affectionné,


Stanislas, roi.

3164. — À M. LE MARECHAL DUC DE RICHELIEU.
Aux Délices, près de Genève, avril.

Prenez Port-Mahon, mon héros ; c’est mon affaire. Vous savez qu’un fou d’Anglais parie vingt contre un, à bureau ouvert dans Londres, qu’on vous mènera prisonnier en Angleterre avant quatre mois. J’envoie commission à Londres de déposer vingt guinées contre cet extravagant, et j’espère bien gagner quatre cents livres sterling, avec quoi je donnerai un beau feu de joie le jour que j’apprendrai que vous avez fait la garnison de Saint-Philippe prisonnière de guerre. Je ne suis pas le seul qui parie pour vous. Vous vengerez la France, et vous enrichirez plus d’un Français. Je me flatte que, malgré la fatigue et les chaleurs, la gloire vous donne de la santé, à vous et à M. le duc de Fronsac. Vous avez auprès de vous toute votre famille. Permettez-moi de souhaiter que vous buviez tous à la glace dans ce maudit fort de Saint-Philippe, couronnés de lauriers comme des Romains triomphant des Carthaginois.

Je n’ose pas vous supplier d’ordonner à un de vos secrétaires de m’envoyer les bulletins ; mais, si vous pouvez me faire cette faveur, vous ne pouvez assurément en honorer personne plus intéressé à vos succès.

Permettez que les deux Suisses vous présentent leur tendre respect.


3165. — À M. THIEIRIOT.
Aux Délices, 30 avril.

Je viens de lire la gazette, et, en conséquence, je vous prie, mon ancien ami, de faire corriger la note[1] sur Bayle, s’il en est temps. Je ne veux point me brouiller avec gens qui traitent si

  1. Voyez la lettre 3166. L’arrêt de la cour de parlement du 9 avril 1756, sur le réquisitoire d’Omer Joly de Fleury, condamnait à être supprimés ou lacérés et brûlés, non le Dictionnaire de Bayle, mais son Analyse raisonnée (par le Jésuite de Marsy), 1755, 4 vol. in-12 (auxquels Robinet en ajouta quatre en 1773) ; la Christiade, dont il est parlé tome XX, page 32 ; les première et seconde parties de l’Histoire du peuple de Dieu, par Berruyer.