de concert les articles dont on m’envoyait la liste ; je suis trés fâché que ces deux hommes, nécessaires l’un à l’autre, soient désunis, et qu’ils ne s’entendent pas pour mettre le public à leurs pieds.
Pour moi, je me suis amusé à jouer Fanime et Alzire. Mademoiselle Clairon, je vous demande pardon, mais vous n’avez jamais bien joué la tirade du troisième acte :
De l’hymen, de l’amour, venge ici tous les droits,
Punis une coupable, et sois juste une fois.
Pourquoi cela, mademoiselle ? C’est que vous n’avez jamais lié les quatre vers de la fin, et appuyé sur le dernier : c’est le secret. Vous n’avez jamais bien joué l’endroit où Alzire demande grâce à son mari pour son amant, et cela par la même raison. Vous êtes une actrice admirable, j’en conviens ; mais Mme Denis a joué ces deux endroits mieux que vous. Et vous, vieux débagouleur de Sarrazin, vous n’avez jamais joué Alvarès comme moi, entendez-vous ?
Mon divin ange, depuis cette maudite affaire de Rosbach, tout a été en décadence dans nos armées, comme dans les beaux-arts à Paris. Je ne vois de tous côtés que sujets d’affliction et de honte. On dit pourtant que M. Colardeau est remonté sur son Astarbé ; je ne sais pas sur quoi nos généraux remonteront. Dieu nous soit en aide !
Comment se porte Mme d’Argental ? Quelles nouvelles sottises a-t-on faites ? quel nouveau mauvais livre avez-vous ? quelle nouvelle misère ? Si vous voyez ce bon Diderot, dites à ce pauvre esclave que je lui pardonne d’aussi bon cœur que je le plains.
Quand je lis vos vers séduisants,
Je ressemble aux vieilles coquettes,
Qui, n’osant plus avoir d’amants,
Baissent leurs yeux et leurs cornettes ;
Mais si quelque jeune galant
- ↑ Ce M. Linant n’est point de la famille d’un autre Linant, élève de M. de Voltaire. (K.) — C’est celui dont il est question dans les Mémoires de Mme d’Épinai, et ci-dessus, lettre 3565.