que de l’Encyclopédie. Je trouve bien heureux ceux qui sont à Genève, surtout quand ils ne sont pas obligés de dire que les ministres croient la divinité de Jésus-Christ, et les peines éternelles. Vale.
Que fait Votre Altesse sérénissime, monsoigneur ? Où est-elle après tant de vicissitudes ? Vous m’avez donné autant d’alarmes, cette dernière campgne, que vous m’avez inspiré de respect et d’attachement. Depuis longtemps j’ai reçu des lettres de monseigneur le prince de Prusse et de monseigneur le prince Henri, et je n’en ai pas reçu de vous ; vous savez cependant si votre gloire, votre santé, votre bonheur, m’intéressent. Je ne suis pas en peine de la gloire ; mais tout le reste m’a donné bien de l’inquiétude.
J’ai l’honneur d’écrire à Votre Altesse sérénissime par la voie de M. Pictet, d’une des meilleures familles de Genève, homme plein de mérite, capitaine d’un régiment d’infanterie suisse. C’est le régiment de Diesbach, celui qui a fait plus que son devoir à la triste journée de Rosbach, et dans lequel M. le capitaine Pictet s’est toujours fait extrêmement considérer. S’il est assez heureux pour être souvent auprès de votre personne et pour se signaler sous vos yeux, ce sera un nouveau protecteur que j’aurai auprès d’un prince à qui je voudrais faire ma cour tout le temps de ma vie, excepté celui auquel il est occupé à voir tuer des hommes et à courir parmi les corps morts.
Ne pourrais-je jamais me flatter, monseigneur, que, quand le prince aura assez occupé son courage et ses connaissances militaires dans cette guerre funeste, le philosophe, en revenant en France, daignera passer par ce petit pays roman, par ces bords agréables du lac de Genève, où elle verrait un ermite qui la recevrait comme Philémon reçut les dieux. Cette route est tout aussi courte qu’une autre. Le pays mérite d’être vu par Votre Altesse sérénissime ; et si le plus tendre attachement, le plus profond respect, méritent aussi quelque chose, l’ermite regarderait votre passage comme un de ses plus beaux jours. Conservez vos bontés pour cet ermite.
- ↑ Éditeurs, de Cayrol et François.