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CORRESPONDANCE.

permettrent d’honorer notre ermitage suisse de votre présence. Il fera pour vous, madame, ce qu’il ne ferait pas pour un vieux papiste comme moi ; et il sera reçu comme s’il ne venait que pour nous.

Je vous remercie, madame, de vos gros gobets ; j’en aurai le soin qu’on doit avoir de ce qui vient de vous.

Permettez que je remercie ici M. Linant[1] ; il n’a pas besoin de son nom pour avoir droit à mon estime et à mon amitié ; et j’ai connu son mérite avant de savoir qu’il portait le nom d’un de mes anciens amis. Je conviens avec lui que tout nous vient du Levant, et j’accepte avec grand plaisir la proposition qu’il veut bien me faire pour une douzaine de pruniers originaires de Damas, et autant de cerisiers de Cérasonte. Ils s’accommoderont mal de mon terrain de terre à pot, maudit de Dieu ; mais j’y mettrai tant de gravier et de pierraille que j’en ferai un petit Montmorency. Je présente mes respects à l’élève de M. Linant, à M. de Ncolaï, qui fait ses caravanes de Malte près du lac de Genève. Enfin je présente ma jalousie à tous ceux qui font leur cour à Mme d’Épinai.

Au reste, je serais fâché qu’on fouettât, comme on le dit, l’abbé de Prades tous les jours de marché à Breslau : car, après tout, je n’aime pas qu’on fouette les prêtres.

Mme Denis se joint à moi, et présente ses obéissances à Mme d’Épinai.

M. de Richelieu est donc renvoyé après M. de Lucé. La cour est une belle chose !


3566. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Lausanne, 26 février.

Quand j’écris au roi de Prusse et à M. l’abbé de Bernis sur des choses peu importantes, ils m’honorent d’une réponse dans la huitaine. J’écrivis à M. Diderot, il y a deux mois, sur une affaire très-grave qui le regarde, et il ne me donna pas signe de vie[2]. Je demandai réponse par quatre ou cinq ordinaires, et je n’en obtins point. Je fis redemander mes lettres ; j’étais en droit de regarder ce procédé comme un outrage ; il a dû me blesser d’autant plus que j’ai été le partisan le plus déclaré de l’Encyclo-

  1. Gouverneur du jeune d’Épinai.
  2. Le jour même où il écrivait cela, Voltaire reçut la réponse de Diderot ; voyez la lettre 3559.