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CORRESPONDANCE.
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Mais qu’est devenue la maison de votre île ? Que ne demandez-vous un remboursement sur Hanovre ou sur Clèves ?

Comment vont vos affaires de Cadix ? Ne recevez-vous pas quelques débris de temps en temps ? Vivez heureux, mon cher ange ; ce sont les vœux du plus maigre Suisse des Treize-Cantons.


3547. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Lausanne, 5 février.

Vous sentez combien je dois m’intéresser à une chose[2] qui doit se faire tôt ou tard, qu’on fera peut-être un jour avec un très-grand désavantage, et qu’on pourrait faire aujourd’hui avec une utilité bien reconnue. Je souhaite que des intérêts particuliers ne s’opposent pas à un si grand bien ; en tout cas, vivons tout doucement, et laissons les hommes être aussi fous, aussi méchants et aussi malheureux qu’ils veulent l’être. Je juge par les lettres que je reçois de Pétersbourg que les Russes vont recommencer la guerre ; mais aussi toute l’Angleterre se déclare pour le roi de Prusse. Le parlement a déjà voté un subside d’une commune voix. Il faudrait un dieu pour faire la paix dans ces circonstances.


3548. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, 8 février.

Vous m’écrivez, mon cher et grand philosophe, de votre lit, où vous voyez dix lieues de lac, et moi je vous réponds de mon trou[3], où je vois le ciel long de trois aunes[4]. Ce trou suffirait pourtant à mon bonheur, si la persécution ne venait pas m’y chercher ; mais la violence à laquelle elle est montée, et l’autorité de ceux qui l’exercent, me font envier le sort de ceux qui peuvent avoir un trou ailleurs.

J’ai découvert encore de nouvelles atrocités depuis ma dernière lettre. Il est très-certain que l’on a forcé M. de Malesherbes à laisser imprimer les Cacouacs[5] ; il est très-certain que la satire plus que violente insérée contre nous dans les Affiches de province vient des bureaux d’un ministre[6] aussi

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. La paix.
  3. Maison de la vitrière, nourrice de d’Alembert, rue Michel-le-Comte. (Cl.)
  4. Die quibus in terris. . . . . .
    Tres pateat cœli spatium non amplius ulnas.
    (Virg., egl. iii, v. 104.)
  5. Voyez lettre 3512.
  6. Bernis.