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imprimée, et n’en est guère plus vraie. Il se peut faire à toute force qu’un ministre anglais ait parlé de Dieu ; mais il ne se peut qu’il ait dit au marquis de Brandebourg que Dieu était le seul à qui l’Angleterre ne donnât pas de subsides, attendu que le marquis n’en a jamais reçu, et que le Danemark est actuellement le seul État qui reçoive des guinées.

Je vous supplie, madame, de vous tenir bien chaudement. Je n’ai plus de mouches ; mais j’ai de la neige, et autant qu’il y en a sur l’Aller. Portez-vous bien, et moquez-vous du monde. Mille respects.


3544. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
Lausanne, 5 février.

Monsieur, la dernière lettre que Votre Excellence m’a fait l’honneur de m’écrire me flatte que, dans quelque temps, vous voulez bien m’envoyer, non-seulement les documents authentiques du règne de Pierre le Grand, mais encore ceux qui peuvent servir à la gloire de votre nation, jusqu’à ces jours. En effet, monsieur, tout ce qu’on a fait depuis lui est une suite de ses établissements. C’est à lui qu’il faut rapporter tout ce que les Russes ont fait de grand et de mémorable. Je fais des vœux pour la prospérité de son auguste et digne fille. Sa gloire m’est aussi chère que celle du grand homme dont elle est née. Je regarderai, monsieur, comme la plus grande faveur les instructions que vous voudrez bien me donner. Le plaisir que vous me procurez de rendre justice à un héros, à l’impératrice régnante, et à votre nation, sera le plus agréable travail de ma vie. J’espère qu’il me sera permis de vous en marquer ma reconnaissance.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois, etc. V.

3545. — À M. D’ALEMBERT.
5 février.

À la réception de votre lettre du 28, j’ai lu vite les articles dont vous parlez, homme selon mon cœur, mon vrai, mon courageux philosophe. Ces articles augmentent mes regrets. Non, il n’est pas possible que la saine partie du public ne vous redemande à grands cris ; mais il faut absolument que tous ceux qui ont travaillé avec vous quittent avec vous. Seront-ils assez indignes du nom de philosophes, assez lâches pour vous abandonner ? J’écrivis d’abord à M. Diderot, et je lui dis ce que je pense ; je lui