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ma chambre. Voilà ce qui a donné lieu aux bruits que mes ennemis ont semés. Mais je peux leur dire comme Démosthène aux Athéniens : « Eh bien ! si Philippe était mort, que serait-ce ? ô Athéniens ! vous vous feriez bientôt un autre Philippe. »

Ô Autrichiens ! votre ambition, votre désir de tout dominer, vous feraient bientôt d’autres ennemis ; et les libertés germaniques et celles de l’Europe ne manqueront jamais de défenseurs.


3528. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Lausanne, 17 janvier.

Malgré les housards d’Hildbourghausen, voici encore une lettre, et les mesures sont prises pour que ce petit commerce de galanterie ne soit pas interrompu. S’il y a du mal, je m’en lave les mains : je suis comme la bonne vieille qui disait : « Il est vrai que je les ai mis tous deux au lit ; mais je ne me mêle de rien. »

L’évêque de Breslau s’est enfui en Moravie et a abandonné son troupeau. L’impératrice court les processions, et fait des neuvaines pour son carnaval. Le roi de Prusse a fait mettre en prison un certain Kiou ou Kieu, général d’infanterie, le lendemain qu’il a été nommé général.

La personne respectable à qui mon cher correspondant donnera l’incluse apprendra peut-être une autre nouvelle en lisant cette lettre, c’est qu’on désire la paix très-sincèrement. La paix et la Silésie sont deux bonnes choses. Le roi de Prusse en a déjà une, et qui sait si Son Éminence ne pourrait pas parvenir à donner l’autre ? Ses conseils ne doivent-ils pas être écoutés ? N’est-il pas à portée de les donner ? Et n’en a-t-on pas un besoin qui deviendra tous les jours plus grand ? Pour moi, j’espère en sa prudence et en ses lumières.

On dit en Allemagne que si le roi de Prusse envoie quinze mille hommes du côté de Cassel, l’armée française, délabrée, pourra se trouver en presse entre messieurs de Prusse et messieurs de Hanovre. Franchement, il serait bien humiliant d’être frotté deux fois par le marquis[2].

En vérité, il serait digne de Son Éminence de prévenir tous les désastres ; mais je dois me borner à faire des souhaits, et m’en tenir au rôle de la bonne vieille.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le roi de Prusse, marquis de Brandebourg.