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tion qu’il gardera toute la Silésie, à condition qu’il restera uni avec Hanovre, dont il est garant. Encore une fois, je ne vois qu’un nuage épais, et je n’espère que dans les lumières de l’homme supérieur qui peut percer ce nuage.

Je vous ai confié mes doutes et mon ignorance ; c’est tout ce que j’ai à vous présenter pour vos étrennes.

En voici bien d’une autre ! À bon jour, bonne œuvre.

Le jour de l’an, une couturière, apprentie femme de chambre de ma nièce, déclare qu’elle est grosse d’un laquais, nommé André : pourrait-on recevoir la pauvrette à Lyon ? Elle a l’honneur d’être huguenote, et mon laquais celui d’être papiste : franchement, il faudrait que monsieur le cardinal la convertît ; elle est jeune, jolie ; ce serait une œuvre pie ; mais, en attendant, il faut qu’elle accouche. Y a-t-il quelque âme honnête qui pût se charger d’elle et mettre son enfant aux orphelins de Lyon ?


3505. — À M. LE CONSEILLER LE BAULT[1].
À Lausanne, 3 janvier.

Vos bouteilles, monsieur, sont arrivées ; je n’ai d’autre chagrin que de ne les pas boire avec vous. J’en ai deux paniers à Lausanne, et les deux autres sont, je crois, à Genève. M. Cathala ou M. Tronchin vous feront toucher ce que je vous dois, mais ils ne pourront vous témoigner ma reconnaissance.

On dit Breslau repris parle roi de Prusse ; il y a trois mois qu’il m’écrivait qu’il voulait mourir, et que je le consolais. À présent il renverse tout devant lui. Mais il ne boit pas de si bon vin de Bourgogne que moi. Mme Denis et moi, nous vous souhaitons bonne année et bonne vinée, à vous, monsieur, et à Mme Le Bault.

Recevez la respectueuse reconnaissance du Suisse


Voltaire.

3506. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[2].
À Lausanne, 4 janvier.

À tous croates, pandours, housards, qui ces présentes ouvriront, salut, et peu de butin.

Pandours et croates, laissez passer cette lettre à Son Altesse sérénissime Mme la duchesse de Saxe-Gotha, qui est aussi aimable, aussi bienfaisante, aussi noble, aussi douce, aussi éclairée que

  1. Lettres de Voltaire à M. le conseiller Le Bault ; Paris, Didier et Cie, 1868.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.