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diesse de M. d’Alembert ; j’attends le septième volume de l’Encyclopédie. Tous les articles ne peuvent être égaux, mais il y en a d’admirables dans chaque volume.

Je suis bien aise que les poëtes fassent fortune quand leurs ouvrages ne le font pas, et qu’un poëte succède à un fermier général. J’ai aussi quelquefois chez moi une fermière générale, c’est Mme d’Épinai ; mais je ne l’épouserai pas : elle a un mari jeune et aimable. Pour elle, c’est à mon gré une des femmes qui ont le meilleur esprit. Si ses nerfs étaient comme son âme et en avaient la force, elle ne serait pas à Genève entre les mains de M. Tronchin. Nous ne sommes jamais sans quelque belle dame de Paris. On ira bientôt à Genève comme on va aux eaux, et on s’en trouvera mieux.

Ferchault Réaumur[1] avait, je crois, dix-sept mille francs de pension pour avoir gâté du fer et de la porcelaine, et pour avoir disséqué des mouches. Il a été bien payé. Vous avez, messieurs, autant de charlatanisme en physique qu’en médecine ; mais enfin il est toujours beau d’encourager des arts utiles.

Si quid novi, scribe veteri amico.


3477. — À M. TRONCHIN, DE LYON[2].
8 décembre.

Je soupçonne que la lettre de madame la margrave[3] est déjà en chemin ; mais cette première ne sera qu’une lettre de compliment. Si vous voulez me faire tenir la réponse, je la ferai passer avec sûreté et promptitude par la Franconie, et je vous adresserai celles qui pourront venir de ce pays-là, en cas que cette voie convienne à la personne sage et respectable à qui je vous prie de présenter mon respect.

Je sais historiquement que Versailles est tout à la maison d’Autriche, et qu’il est bien délicat d’entamer quelque négociation qui donnerait de l’ombrage à ceux qui ont l’intérêt le plus puissant de seconder aveuglément la cour de Vienne. Je ne crois pas d’ailleurs qu’on puisse traiter sans elle. Comment se soutiendrait-on dans le pays de Hanovre, si on offensait un allié si nouveau,

  1. René-Antoine Ferchault de Réaumur, moi’t le 18 octobre 1757 à son château de la Bermondière, situé sur la rive gauche de la Mayenne, tout près de la route d’Alençon à Domfront. (
    Cl.
    )
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Au cardinal de Bernis.