Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette besogne, et encore d’une Histoire universelle, qu’on imprime, et qui plante, et qui fait bâtir, et qui établit une espèce de petite colonie, a le temps d’écrire à ses amis. Pardonnez-moi donc si je parais si paresseux, dans le temps que je suis le plus occupé.

Mandez-moi comment je peux vous adresser mon Tout n’est pas bien et ma Religion naturelle. J’ignore si vous êtes encore à Paris ; je ne sais où est M. labbé du Resnel. Je vous écris presque au hasard, sans savoir si vous recevrez ma lettre, Mme Denis vous fait mille compliments. V.

P. S. Il y a longtemps que je n’ai vu les paperasses dont les Cramer ont farci leur édition : s’ils ont jugé une petite pièce en vers qui vous est adressée digne d’être imprimée, ils se sont trompés ; mais le plaisir de voir un petit monument de notre amitié m’a empêché de m’opposer à l’impression.


3150. — À M. THIERIOT.
Aux Délices, 12 avril.

Je dicte ma lettre, mon cher et ancien ami, parce que je ne me porte pas trop bien. C’est tout juste le cas de combattre plus que jamais le système de Pope.


Bonne ou mauvaise santé
Fait notre philosophie[1].


Mandez-moi comment je peux vous envoyer quelques exemplaires de mes lamentations de Jérémie sur Lisbonne, et de mon testament en vers, où je parle de la religion naturelle d’une manière en vérité très-édifiante. J’ai arrondi ces deux ouvrages autant que j’ai pu ; et, quoique j’y aie dit tout ce que je pense, je me flatte pourtant d’avoir trouvé le secret de ne pas offenser beaucoup de gens. Je rends compte de tout dans mes préfaces, et j’ai mis à la fin des poëmes des notes assez curieuses. Je ne sais si les théologiens de Paris me rendront autant de justice que ceux de Genève. Il y a plus de philosophie sur les bords de notre lac qu’en Sorbonne. Le nombre des gens qui pensent raisonnablement se multiplie tous les jours. Si cela continue, la raison rentrera un jour dans ses droits ; mais ni vous ni moi ne

  1. Ce sont les deux derniers vers de l’ode de Chaulieu sur la Première Attaque de goutte.