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3456. — À DOM FANGÉ[1],
abbé de sénones.
20 novembre.

Il serait difficile, monsieur, de faire une inscription digne de l’oncle et du neveu ; à défaut de talent, je vous offre ce que me dicte mon zèle :


Des oracles sacrés que Dieu daigna nous rendre,
Son travail assidu perça l’obscurité ;
il fit plus : il les crut avec simplicité,
Et fut, par ses vertus, digne de les entendre.


Il me semble, au moins, que je rends justice à la science, à la foi, à la modestie, à la vertu de feu dom Calmet ; mais je ne pourrai jamais célébrer, ainsi que je le voudrais, sa mémoire, qui me sera infiniment chère, etc.


3457. — À M. THIERIOT.
Aux Délices, 20 novembre.

Je vois par vos lettres, mon ancien ami, que la rivière d’Ain en a englouti une vers le temps de la mort de Mme de Sandwich : car je n’ai jamais reçu celle par laquelle vous me parliez de la mort et du testament de cette philosophe anglaise, de votre pension remise, etc. Je vous répète qu’il se noya dans ce temps-là un courrier, et que jamais on n’a retrouvé sa malle.

Je crois qu’on serait moins affligé à Paris et à Versailles si les courriers qui ont apporté la nouvelle de la dernière bataille s’étaient noyés en chemin. Je n’ai point encore de détails, mais on dit le désastre fort grand, et la terreur plus grande encore. Le roi de Prusse se croyait perdu, anéanti sans ressource, quinze jours auparavant, et le voilà triomphant aujourd’hui : c’est un de ces événements qui doivent confondre toute la politique. La postérité s’étonnera toujours qu’un électeur de Brandebourg, après une grande bataille perdue contre les Autrichiens, après la ruine totale de ses alliés, poursuivi en Prusse par cent mille Russes vainqueurs, resserré par deux armées françaises qui pouvaient tomber sur lui à la fois, ait pu résister à tout, conserver ses conquêtes, et gagner une des plus mémorables batailles qu’on

  1. Voyez la lettre 3368.