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tions que dans ses faveurs. L’histoire est pleine de ces exemples ; mais je n’y en ai point trouvé de pareils à celui que nous voyons, ni une guerre aussi inhumaine et cruelle, parmi des peuples policés. Vous gémiriez si vous saviez la triste situation de l’Allemagne et de la Prusse. Les cruautés que les Russes commettent dans cette dernière font frémir la nature. Que vous êtes heureux dans votre ermitage, où vous vous reposez sur vos lauriers, et où vous pouvez philosopher de sang-froid sur l’égarement des hommes ! Je vous y souhaite tout le bonheur imaginable. Si la fortune nous favorise encore, comptez sur toute ma reconnaissance ; et je n’oublierai jamais les marques d’attachement que vous m’avez données : ma sensibilité vous en est garant ; je ne suis jamais amie à demi, et je le serai toujours véritablement de frère Voltaire.


Wilhelmine.

Bien des compliments à Mme Denis ; continuez, je vous prie, d’écrire au roi.


3417. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 13 septembre.

On dit qu’on parle à la Haye d’entamer des négociations ; cela vaut mieux que d’entamer des provinces. Est-ce que le ministère de France voudrait rendre la maison d’Autriche toute-puissante, pour avoir le plaisir de se venger aujourd’hui, et pour être accablé un jour ?


3418. — À M. DE CHAMPBONIN[2],
premier commis dans les bureaux des fortifications.
Aux Délices, route de Genève, 15 septembre.

J’avais, monsieur, recommandé expressément qu’on vous envoyât les exemplaires reliés. J’apprends avec chagrin que les libraires sont tout aussi malhonnêtes qu’autrefois ; rien ne change ; je vous en demande pardon. On vous a présenté là un énorme fatras ; je vous crois heureusement trop occupé pour avoir le temps d’y jeter la vue. Je vous fais mon compliment sur tous les nouveaux ouvrages faits à Mardick. La gloire de la France est rétablie de toutes façons. Je m’y intéresse du fond de ma retraite, dans laquelle j’ai renoncé à tout, excepté à aimer ma patrie et mes amis. Je vous réponds un peu tard, parce que

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Fils de Mme de Champbonin à qui sont adressées les lettres 415 et autres. Il avait, en 1738, servi quelquefois de secrétaire à Voltaire, pendant son séjour à Cirey.