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vous me laissez là. Notre bailli est bien plus honnête que vous ; il est venu voir la comédie auprès de Genève. Il y a mené sa fille et sa nièce. Il a dîné aux Délices, et vous nous méprisez positivement. Mille tendres respects à Mme de Brenles mille souhaits pour le petit.

Je vous embrasse en vous grondant.


3407. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Lausanne, 1er septembre 1757.

On me mande de l’armée de Bohême qu’on croit le roi de Prusse perdu sans ressource. Mais il en est jusqu’au dernier coup, à cet abominable lansquenet de la guerre. Je suis occupé à le consoler, ainsi que Mme de Baireuth, sa sœur. Le roi m’écrit qu’il lui restait à vendre cher sa vie, et je l’exhorte à vivre en cas qu’il soit absolument malheureux. Pour les autres rois, je ne m’en mêle pas.


3408. — À M. LE CONSEILLER TRONCHIN[2].
Au Chêne, à Lausanne, 2 septembre.

Je vous dirai que dans une lettre de Vienne, du 24 août, nous lisons ces paroles : « Nous recevons la confirmation d’une glorieuse victoire remportée par le colonel James à Landshut, en Silésie, avec cinq ou six bataillons contre huit mille Prussiens, commandés par deux généraux. La perte de l’ennemi passe trois mille hommes ; tandis que la nôtre, ce qui est peu croyable, mais ce qui est très-vrai, n’est que de dix-sept morts et de quatre-vingt-un blessés, »

Cette nouvelle a besoin, dans mon Église, d’un nouveau sacrement de confirmation. Or, mes amis, ouvrez les yeux et les oreilles. Le roi de Prusse m’écrit « qu’il ne doute pas que je ne me sois intéressé à ses succès et à ses malheurs, et qu’il lui reste à vendre cher sa vie, etc. » La margrave de Baireuth m’écrit une lettre lamentable, et je suis actuellement occupé à consoler l’un et l’autre. Je ne hais pas ces petites révolutions : elles amusent et elles exercent ; elles affermissent la philosophie.

  1. Revue suisse, 1855, page 412.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.