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dans mon voisinage près de Saint-Claude ? N’allez-vous jamais chez vous ? Ne pourrait-on pas espérer de vous voir dans mon ermitage des Délices ? Je mourrais content. Intérim, vale, et tuum discipulum ama.


3401. — À M. ***[1].
Aux Délices, 23 août 1757.

Je vous renvoie ci-joint, monsieur, mon testament, que j’avais mis en dépôt chez vous en juin 1750, S’il y a quelque codicille à faire, je serai obligé de suivre la jurisprudence du pays où je suis, et la loi de France établie pour les testaments faits en pays étranger. Il n’y aura ni discussion, ni embarras, ni dettes, et puisque vous voulez bien être mon exécuteur testamentaire, vous trouverez que vous n’êtes pas chargé d’une régie difficile ; ce qu’il y aura à recevoir de Cadix, ce qu’on devra de mes rentes viagères, les liquidations de mes droits sur la succession de Bernard et dans la régie de Goesbriant, seront au profit de mes héritiers.

Vous ne devez pas douter de ma reconnaissance et de celle de Mme Denis. Je me flatte que vous me continuerez vos bons offices et vos soins obligeants pour m’aider à passer tranquillement ce qui me reste à vivre.

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,


Voltaire.

3402. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
(a vous seul.)

Mon héros, vous avez vu et vous avez fait des choses extraordinaires. En voici une qui ne l’est pas moins, et qui ne vous surprendra pas. Je la confie à vos bontés pour moi, à vos intérêts, à votre prudence, à votre gloire.

Le roi de Prusse s’est remis à m’écrire avec quelque confiance. Il me mande qu’il est résolu de se tuer, s’il est sans ressource ; et madame la margrave sa sœur m’écrit qu’elle finira sa vie si le roi son frère finit la sienne. Il y a grande apparence qu’au moment où j’ai l’honneur de vous écrire le corps d’armée de M. le prince de Soubise est aux mains avec les Prussiens. Quelque

  1. Éditeur, H. Beaune. — Communiquée par M. Le Serurier, conseiller à la cour de cassation ; cette lettre provient de M. de Dompierre d’Hornoy. (H. B.)