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avons bu à votre santé. Mme Denis, la compagne de ma retraite et de ma vie heureuse, vous aime toujours, et vous fait les plus tendres compliments ; je vous fais les miens sur votre dignité de grand-maître. Souvenez-vous que j’ai été assez heureux pour poser la première pierre de cet édifice ; ne m’oubliez jamais auprès de monseigneur et de Son Altesse royale ; je voudrais pouvoir leur faire ma cour encore une fois, avant que de mourir. Ils ont un frère qu’il faudra toujours regarder comme un grand homme, quoi qu’il en arrive, et dont j’ambitionnerai toujours les bontés, quoi qu’il soit arrivé. Comptez, monsieur, sur ma tendre amitié, et sur tous les sentiments qui m’attacheront à vous pour jamais.


Le Suisse V.

3385. — À M. COLINI.
Aux Délices, 29 juillet.

Je vous remercie des bonnes nouvelles que vous m’avez envoyées, et je souhaite qu’elles soient toutes vraies. Il pourrait bien venir un temps où les Freytag et les Schmit seraient obligés de rendre ce qu’ils ont volé ; et vous ne perdriez pas à cette affaire. Vous me feriez un sensible plaisir de me mander tout ce que vous apprendrez.

J’ai été sur le point de faire un tour à Strasbourg, pour y voir M. le maréchal de Richelieu. Une maladie de Mme Denis m’en a empêché. J’aurais été fort aise de vous revoir[1], et de vous donner des assurances de mon amitié.


3386. — À M. D’ALEMBERT.
Juillet.

Et toujours mon prêtre ! et moi, je ne donne rien ; mais c’est que je suis devenu Russe. On m’a chargé de Pierre le Grand ; c’est un lourd fardeau.

Je prie l’honnête homme qui fera Matière de bien prouver que le je ne sais quoi qu’on nomme Matière peut aussi bien penser que le je ne sais quoi qu’on appelle Esprit.

Bonsoir, grand et aimable philosophe ; le Suisse Voltaire vous embrasse.

  1. Colini, alors à Strasbourg, y était gouverneur du fils du comte de Sauer.