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3320. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Monrion, 19 février.

J’attends avec impatience le mot de l’énigme de l’aventure de Pierre Damiens. On me mande qu’il y a une petite secte cachée, composée de la plus basse canaille du parti janséniste, que cette secte est appelée la secte des margouillistes, nom digne d’elle ; que ces malheureux sont liés entre eux par des serments exécrables ; qu’ils ont voulu, non pas tuer le roi, mais le blesser légèrement pour l’avertir, et qu’ils ont menacé le dauphin du poison. Il n’y a rien dont le fanatisme ne soit capable.


3321. — À M. DE CHENEVIÈRES[2].
Monrion, 19 février.

Il y a huit jours, mon ami, que Mme Denis cherche dans ses paperasses, parmi ses rôles de tragédies, de comédies, d’opéras-comiques, etc., etc., votre gentille pastorale[3] qu’elle a lue avec tout le plaisir imaginable. Nous vous la renverrons dès que la femme de chambre, qui a la garde des archives historiques et de la musique, l’aura retrouvée. Comme nous avons été entourés d’ouvriers, et qu’il a fallu essayer cinq ou six habits de théâtre, il y a eu un peu de confusion. Mais soyez en sûreté ; l’ouvrage n’est pas sûrement sorti de la maison. Nous avons un singe, un perroquet et un écureuil, que nous ne laissons approcher d’aucun papier.

Pardon ; il faut aller répéter au théâtre aujourd’hui ; nous jouons demain. Tâchez de vous divertir aussi.


3322. — À M. PICTET,
professeur en droit.
Monrion, 22 février.

Mon très-cher voisin, la volonté de Dieu soit faite ! Puissiez-vous bâtir, dans mon voisinage, une maison[4] digne de la belle

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Mysis et Glaucé.
  4. Voyez plus bas la lettre 3342.