Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

longtemps avant d’être cardinal. C’est de milord Bolingbroke que je tiens l’anecdote de cette lettre ; il en a parlé souvent à M. de Pouilly votre frère, et à moi.

Adrien IV, au lieu d’Alexandre III, est une inadvertance[1] : dans le cours de l’ouvrage, je dis toujours que c’est Alexandre III qui imposa une pénitence à Henri II, roi d’Angleterre, pour le meurtre de Thomas Becket. Je ne manquerai pas de rectifier ces erreurs, et j’oublierai encore moins l’obligation que je vous ai. Il y en a quelques autres encore que je corrige dans la nouvelle édition que font actuellement les frères Cramer. Ils m’ont arraché cet ouvrage, que j’aurais dû garder longtemps avant de le laisser exposé aux yeux du public ; mais puisqu’il a trouvé grâce devant les vôtres, je ne peux me repentir.

J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime et la reconnaissance que je vous dois, monsieur, votre, etc.


3317. — À M. PALISSOT.
À Monrion, 16 février.

Ce que vous me mandez, monsieur, du grand acteur Lekain, m’afflige et ne me surprend pas. C’est le sort de bien des talents de ne recueillir que des traverses au lieu de récompenses. Si vous le voyez, je vous prie de lui dire que j’ai écrit à M. le maréchal de Richelieu, pour lui faire obtenir un congé à Pâques. Mais on m’a répondu qu’il n’était pas possible de lui donner ce congé cette année, puisqu’il en avait pris un de lui-même l’année passée. J’aimerais bien mieux qu’on augmentât sa part que de lui donner un congé. J’écrirai, j’insisterai ; mais la recommandation d’un Suisse n’a pas grand pouvoir à Versailles.

Je ne sais où est actuellement votre ami M. Patu, que je possédai huit jours dans mon ermitage, avant qu’il allât en Italie. J’avais chez moi alors une de mes nièces[2] qui commençait à être bien malade, et qui peut-être n’eut pas pour lui toutes les attentions qu’elle aurait eues si elle avait moins souffert. J’ai peur que ce petit contre-temps ne lui ait déplu. J’en serais très-fâché ; je l’aime beaucoup, et je sens tout son mérite. Si vous lui écrivez, je vous prie de l’assurer de tous mes sentiments.

  1. Elle a été corrigée.
  2. Mme de Fontaine.