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Voilà Fontenelle mort ; c’est une place vacante dans votre cœur ; il me la faut. Vale, et me ama.


Le Suisse V.

3314. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
À Monrion, 9 février.

Est-il vrai ce qu’on m’écrit, que le garde des sceaux[1] et M. d’Argenson sont exilés ? que l’abbé de Bernis[2] a les affaires étrangères ? Si cela est, celui qui a fait le traité de Vienne mettra sa gloire à le soutenir.

Le roi de Prusse m’a écrit une lettre assez tendre de Dresde, le 19 janvier. La czarine veut que j’aille à Pétersbourg, Je me tiendrai dans la Suisse, J’ai tâté des cours.

Portez-vous bien, madame, vous et votre aimable amie[3].


3315. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
13 février.

Le fragment de votre lettre sur l’amiral Byng[4], monseigneur, fut rendu à cet infortuné par le secrétaire d’État, afin qu’elle pût servir et sa justification. Le conseil de guerre l’a déclaré brave homme et fidèle. Mais en même temps, par une de ces contradictions qui entrent dans tous les événements, il l’a condamné à la mort, en vertu de je ne sais quelle vieille loi, en le recommandant au pouvoir de pardonner, qui est dans la main du souverain. Le parti acharné contre Byng crie à présent que c’est un traître qui a fait valoir votre lettre, comme celle d’un homme par qui il avait été gagné. Voilà comme raisonne la haine ; mais les clameurs des dogues n’empêchent pas les honnêtes gens de regarder cette lettre comme celle d’un vainqueur généreux et juste, qui n’écoute que la magnanimité de son cœur.

Je crois que vous avez été un peu occupé, depuis un mois, de la foule des événements, ou horribles, ou embarrassants, ou

  1. Machault d’Arnouville.
  2. Nommé ministre d’État le 2 janvier 1757, Bernis fut chargé, six mois après, du département des affaires étrangères.
  3. Mme de Brumath.
  4. Vovez lettre 3277.