Comment faites-vous, madame, pour nous donner à la fois tant de plaisir et tant de jalousie ? Nous avons reçu. Mme Denis et moi, votre présent[1] avec transport ; nous le lisons avec le même sentiment. C’est après la lecture du second chant que nous interrompons notre plaisir pour avoir celui de vous remercier. Ce second chant surtout nous paraît un effort et un chef-d’œuvre de l’art. Nous ne pouvons différer un moment à nous joindre avec tous ceux qui vous diront combien vous faites d’honneur à un art si difficile, à notre siècle, que vous enrichissez, et à votre sexe, dont vous étiez déjà l’ornement. Que vous êtes heureuse, madame ! Tout le monde, sans doute, vous rend la même justice que nous. On ne falsifie point, on ne corrompt point les beaux ouvrages dont vous gratifiez le public, tandis que moi, chétif, je suis en proie à des misérables qui, sous le nom d’une certaine Pucelle, impriment tout ce que la grossièreté a de plus bas, et ce que la méchanceté a de plus atroce. Je me console en vous lisant, madame ; et, permettez-moi de le dire, en comptant sur votre justice et votre amitié. Vous la devez, madame, à un homme qui sent aussi vivement que moi tout ce que vous valez, qui s’intéresse à votre gloire, et qui vous sera toujours attaché malgré l’éloignement.
Mme Denis vous dit les mêmes choses que moi ; nous vous remercions mille fois. Nous allons reprendre notre lecture ; nous vous aimons, nous vous admirons. Comment vous dire que je suis comme un autre, madame, avec respect, etc.
Voici, mon cher ami, la lettre que je reçois de M. le maréchal de Richelieu ; il m’exhorte à la montrer, à en faire usage. Elle lui fera honneur et pourra servir à l’amiral Byng. Votre ancien ami de collége, notre Esculape, craint que cette lettre venant d’un