Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

core vu dans vos précédents journaux une prétendue lettre de moi à M. le maréchal de Richelieu, où il est dit qu’on a perdu le Pinde : je n’ai jamais écrit cette lettre. Plus j’estime votre journal, qui ne me paraîtrait que pour la vérité, et plus je crois de mon devoir de vous la faire connaître.

Je reçois dans ce moment une lettre de M. de Caussade, datée de Liège. Il me parle d’un projet d’abréger et de rectifier les Mémoires de Mme de Maintenon. Tout ce que je peux répondre, c’est qu’il n’y a dans ces Mémoires que des choses triviales, entièrement défigurées, ou des anecdotes entièrement fausses. On peut s’en convaincre par les dates seules des événements. Ces sortes d’ouvrages excitent d’abord la curiosité, et tombent ensuite dans un éternel oubli.

Je fais mes compliments à M. de Caussade, et j’ai l’honneur d’être, etc.


3266. — À M. D’ALEMBERT.
29 novembre.

J’envoie, mon cher maître, au bureau qui instruit le genre humain. Gazette, Généreux, Genre de style, Gens de lettres, Gloire et Glorieux, Grand et Grandeur, Goût, Grâce, et Grave[1].

Je m’aperçois toujours combien il est difficile d’être court et plein, de discerner les nuances, de ne rien dire de trop et de ne rien omettre. Permettez-moi de ne traiter ni Généalogie ni Guerre littéraire ; j’ai de l’aversion pour la vanité des généalogies : je n’en crois pas quatre d’avérées, avant la fin du xiiie siècle, et je ne suis pas assez savant pour concilier les deux généalogies absolument différentes de notre divin Sauveur[2].

À l’égard des Guerres littéraires, je crois que cet article, consacré au ridicule, ferait peut-être un mauvais effet à côté de l’horreur des véritables guerres. Il conviendrait mieux au mot Littéraire, sous le nom de Disputes littéraires, car, en ce cas, le mot guerre est impropre, et n’est qu’une plaisanterie.

Je me suis pressé de vous envoyer les autres articles, afin que vous eussiez le temps de commander Généalogie à quelqu’un de vos ouvriers. On a encore mis ce maudit article Femme dans la Gazette littéraire de Genève, et on l’a tourné en ridicule tant qu’on a pu. Au nom de Dieu, empêchez vos garçons de faire ainsi les

  1. Voyez ces articles dans le Dictionnaire philosophique.
  2. Voyez saint Mathieu, ch. i, et saint Luc, ch. iii.