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Il n’y a que votre bonté qui puisse leur en donner. Conservez cette bonté, madame, à un serviteur attaché à Votre Altesse sérénissime avec le plus profond respect.


3261. — À M. LEKAIN.
Aux Délices, 20 novembre 1756.

Votre souvenir m’est bien agréable, mon cher monsieur ; un malade n’est pas trop exact à répondre ; mais-je n’en suis pas moins sensible à vos succès, et à ce qui vous regarde. On a dû porter chez vous, depuis longtemps, l’exemplaire dont vous parlez. Il n’y a pas d’apparence que je puisse hasarder encore de nouveaux ouvrages pour votre théâtre : il vient un temps où l’on ne doit songer qu’à la retraite. Nous serions charmés Mme Denis et moi, de vous voir encore dans mon ermitage, que vous trouveriez assez embelli. Il faudrait que monseigneur de Villars vous engageât à faire un voyage à Marseille ; la troupe aurait grand besoin de vos leçons, et il serait fort utile que les bons acteurs de Paris allassent tous les ans inspirer le bon goût en province. Nous vous faisons mille compliments. Mme Denis et moi. V.


3262. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Aux Délices, 23 novembre.

Ah ! madame, je ne compte pas sur les Russes ; qui les payerait ? Mais s’ils veulent se payer par leurs mains, ce seront de chers barbares. Dieu aide et bénisse Marie-Thérèse ! Mais je vois contre elle, au printemps, cent cinquante mille court-vêtus de Prussiens, traînant après eux les Saxons pour leur faire la cuisine ; je vois les Hanovriens, les Hessois, et des guinées. Il fallait avoir mieux pris ses mesures ; toutefois j’espère encore en la Providence. Le dernier mémoire de Salomon, avec pièces justificatives[1], en impose beaucoup ; il faut lui opposer des succès ; les raisons ne donnent pas un pouce de terrain. On m’a envoyé bien des papiers ; tous sont inutiles. Vivons doucement. Prions Dieu pour Marie, vous, votre amie, et moi. Si vous savez quelque chose, souvenez-vous de l’ermite qui vous est attaché jusqu’au tombeau.

  1. C’est le comte de Hertzberg, né en 1725, mort en 1795, qui est auteur du Mémoire raisonné sur la conduite des cours de Vienne et de Saxe, et sur leurs desseins dangereux contre le roi de Prusse, avec les pièces originales et justificatives qui en fournissent les preuves ; 1756, in-4°.