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s’agit de la cause de la providence dont j’attends tout. Après avoir si longtemps puisé dans vos leçons des consolations et du courage, il m’est dur que vous m’ôtiez maintenant tout cela pour ne m’offrir qu’une espérance incertaine et vague, plutôt comme un palliatif actuel que comme un dédommagement à venir. Non, j’ai trop souffert en cette vie pour n’en pas attendre une autre. Toutes les subtilités de la métaphysique ne me feront pas douter un moment de l’immortalité de l’âme et d’une providence bienfaisante. Je la sens, je la crois, je la veux, je l’espère, je la défendrai jusqu’à mon dernier soupir ; et ce sera de toutes les disputes que j’aurai soutenues la seule où mon intérêt ne sera pas oublié.

Je suis, avec respect, monsieur, etc.


3220. — À M. PIERRE ROUSSEAU[1].
Aux Délices, 20 août.

Il se passera plus de trois mois, monsieur, avant que les Cramer soient en état de donner l’Histoire universelle dont vous me parlez. J’y travaille autant que ma mauvaise santé me le permet, et, dès que l’ouvrage sera prêt à paraître, je tâcherai de faire ce que vous désirez de moi. Je voudrais être en état de vous donner, monsieur, des preuves plus solides de l’estime véritable et de tous les sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être.


3221. — À M. THIERIT[2].
Aux Délices, 20 août.

Pourquoi donc cet honnête homme de La Beaumelle est-il à la Bastille ? Il avait fait un si beau livre, et Mme Geoffrin le prônait tant !

J’ai entre les mains les Annales politiques de l’abbé de Saint-Pierre ; c’est un fou sérieux, qui traite Louis XIV de grand enfant. Je crois que je trouverai dans ce manuscrit beaucoup plus à réfuter qu’à imiter. Il est probable qu’il sera bientôt imprimé.

Si vous voyez Lambert, mon ancien ami, je vous prie de lui dire que la tête lui tourne de réimprimer la détestable rapsodie de la prétendue Histoire universelle qu’on a donnée sous mon nom, et ce recueil encore plus mauvais de la Guerre de 1741.

Il prend bien mal son temps encore de réimprimer l’Histoire du Siècle de Louis XIV, lorsque je l’ai augmentée d’un grand tiers.

  1. Bibliothèque royale de Bruxelles, manuscrit 11583.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.