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lui-même prisonnier sur sa parole par écrit, à Francfort, le 1er juin, jusqu’au retour du livre ; et le sieur Freytag lui signa, au nom du roi son maître, ces deux billets, l’un servant pour l’autre :

« Monsieur, sitôt le grand ballot que vous dites d’être à Hambourg ou Leipsick, qui contient l’œuvre de poëshie du roi, sera ici, et l’œuvre de poëshie rendu à moi, vous pourrez partir où bon vous semblera. »

Le sieur de Voltaire lui donna encore, pour gages, deux paquets de papiers de littérature et d’affaires de famille, et le sieur Freytag lui signa ce troisième billet :

« Je promets de rendre à M. de Voltaire deux paquets d’écriture cachetés de ses armes, sitôt que le ballot où est l’œuvre de poëshie que le roi demande sera arrivé. »

L’œuvre de poésie revint le 9 juin[1], à l’adresse même du sieur Freytag, avec la caisse de Hambourg. Le sieur de Voltaire était évidemment en droit de partir le 20 juin. Et c’est le 20 juin que lui, sa nièce, son secrétaire, et ses gens, ont été traduits en prison de la manière ci-dessus énoncée.


2611. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE[2].
À Francfort, 29 juin.

Sire, dans la crainte où nous devons être que nos plaintes n’aient été interceptées par les sieurs Freytag et Schmith, pardonnez-nous si nous nous jetons aux pieds de Votre Majesté. Elle sait sans doute avec quelle violence horrible une femme innocente a été traitée ; mais elle ignore peut-être quel piège ou nous avait tendu.

Le sieur Freytag écrivit le 18 au sieur de Voltaire :

« Les ordres favorables du roi sont la suite du rapport du 5 de ce mois, où je ne pouvais assez louer, ni assez admirer votre résignation à la volonté du roi, votre obéissance et vos protestations sincères de fidélité, etc. »

Nous avons envoyé cette lettre au sieur Fredersdorff, correspondant de Schmith.

Sire, nous n’avons certainement manqué à rien, nous nous sommes reposés sur l’assurance donnée en votre nom par le sieur Freytag que nous pouvions partir.

On nous fait espérer, dans la prison où la dame Denis garde

  1. Lisez le 18 juin.
  2. Éditeur, Th. Foisset.