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2606. — À M. LE CHEVALIER DE LA TOUCHE[1].
À Francfort, 26 juin.

Monsieur, ma nièce, dans son malheur inouï, a encore pour surcroit de maux la crainte que ses justes plaintes ne soient pas parvenues aux pieds de Sa Majesté. Elle vous supplie instamment de donner ou faire donner ce paquet au roi en main propre. Cela seul peut lui sauver la vie, qui est dans un grand danger. Au nom de l’humanité, monsieur, faites rendre ce paquet en droiture. Comptez sur notre tendre reconnaissance et sur mon respectueux attachement. V.


2607. — À M. LE CHEVALIER DE LA TOUCHES[2].
À Francfort-sur-Mein, 26 juin, à 3 heures du soir.

Depuis nos dernières requêtes envoyées à Sa Majesté, dont nous ignorons la destinée, le conseil de ville a envoyé aujourd’hui son secrétaire dans notre prison pour nous interroger, et pour savoir si Sa Majesté a donné des ordres de nous arrêter. Nous avons répondu que nous n’avions vu aucun ordre, et qu’il nous paraissait impossible que les sieurs Freytag et Schmidt, qui nous poursuivent et qui nous rançonnent, eussent reçu, depuis le 17 juin, ordre de nous mettre en prison le 20.

Le conseil croit, à ce que le secrétaire nous a dit, que Sa Majesté permettra que Mme  Denis soit libre. Elle est à son sixième accès de fièvre, et ne pourra guère jouir de cette liberté ; mais elle en aura à Sa Majesté une obligation éternelle. Je suis encore plus mal qu’elle. Nous implorons tous deux la bonté et la miséricorde du roi, et nous prions M. le chevalier de La Touche de lui faire parvenir ce mémoire.


Voltaire. Denis.

2608. — DE MADAME DE FONTAINE
au chevalier de la touche[3].
À Paris, ce 28 juin.

Monsieur, j’ai recours à Votre Excellence sans avoir l’honneur d’en être connue, mais je sais que les malheureux ont des droits sur les âmes nobles

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Éditeur, Th. Foisset.
  3. Lettres et Billets de Voltaire, à l’époque de son retour en France, en 1753 (collection de M. de Sermizelles) ; à Paris, par la Société des Bibliophiles, 1867, page 19.