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2604. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
au baron de freytag[1].
À ma maison de Sans-Souci, le 26 juin 1753.

J’ai reçu une lettre de la nièce de Voltaire, que je n’ai pas trop comprise ; elle se plaint que vous l’avez fait enlever à son auberge et conduire à pied avec des soldats qui l’escortaient. Je ne vous avais rien ordonné de tout cela. Il ne faut jamais faire plus de bruit qu’une [chose ? ] ne le mérite. Je voulais que Voltaire vous remît la clef, la croix et le volume de poésies que je lui avais confiés. Dès que tout cela vous a été remis, je ne vois pas de raison qui ait pu vous engager à faire ce coup d’éclat. Rendez-leur donc la liberté dès ma lettre reçue. Je veux que cette affaire en reste là, qu’ils puissent aller où ils voudront, et que je n’en entende plus parler. Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde.


Fédéric.

2605. — À FRÉDÉRIC IL ROI DE PRUSSE[2].
À Francfort, 26 juin.

Sire, si mes lettres ne sont pas parvenues à Votre Majesté, comme j’ai lieu de le craindre, daignez au moins lire celle-ci. Daignez voir la situation affreuse où est réduite une femme respectable qui n’a rien à se reprocher et qu’on a traitée avec la plus grande violence et la plus grande ignominie. Quelle funeste suite de quinze ans de bontés ! Sire, si j’ai fait des fautes, je vous en demande pardon mille fois. J’oublierai à jamais Maupertuis. Mais au nom de votre humanité, rendez la vie à une femme qui a fait deux cents lieues pour avoir soin d’un malade infortuné : et qu’une mort affreuse, que cette aventure peut lui causer, ne soit pas le prix de sa belle action. Pardonnez-moi, sire, je vous en conjure.

    tent la tête ; certains alchimistes en renom ici l’entourent ; des libraires et des éditeurs vont et viennent chez lui : aussi publie-t-il deux pièces par semaine ; j’en joins ici quelques-unes.


    D’après ce qu’on dit, il a loué un appartement pour six mois, et ne pense à rien moins qu’à aller à Plombières.

    Avec le courrier d’hier nous avons expédié à votre adresse (M. le camérier secret de Sa Majesté) la clef, l’ordre et le livre, que nous avons aussitôt sa réception enveloppé sous cachet, Voltaire y ayant joint son cachet.

  1. Éditeur, Varnhagen von Ense.
  2. Éditeur, Th. Foisset.