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caisse et ses effets entre les mains de votre résident. Il s’en allait coucher seul à deux lieues, sans avoir même de valise. Je restais en otage. Il a satisfait à tous ses engagements ; il a obéi à tous vos ordres, il a été même au delà.

Sire, je demande votre pitié et votre justice pour lui et pour moi ; s’il y a un seul mot contre la vérité dans ma requête, nous nous soumettons aux plus grandes peines. Nous n’avons d’espérance que dans votre équité et dans votre compassion.

Je suis avec le plus profond respect, sire, de Votre Majesté la très-humble et Irès-obéissanle servante.


Denis.

2599. — DE MADAME DENIS
à m. le chevalier de la touche.[1]
À Francfort, le 25 juin 1753.

Mme Denis, qui est retombée très-malade, supplie avec la plus vive instance M. le chevalier de La Touche d’avoir la bonté de faire rendre sûrement au roi les papiers ci-joints : ils sont de la plus grande importance. Elle craint que ses lettres n’aient été interceptées ; elle lui en aura la plus grande obligation.


2600. — À M*** [LE COMTE DE STADION][2].
À Francfort, 26 juin.

La même personne qui a eu l’honneur d’écrire de Francfort à Son Excellence, et d’implorer la protection de Leurs Majestés impériales, supplie Irès-humblement Son Excellence de continuer à lui garder le secret. Si Leurs Majestés impériales ne sont pas dans le cas d’accorder leur protection dans cette affaire, elles seront du moins indignées de ce qui vient de se passer dans Francfort. Un notaire, nommé Dorn, commis du sieur Freytag, résident de Prusse, enlève une dame de condition, qui vient à Francfort auprès de son oncle malade. Il la conduit à travers la populace, à pied, dans une auberge, lui ôte ses domestiques, met des soldats à sa porte, passe la nuit seul dans la chambre de cette dame mourante d’effroi. On supprime ici, par respect pour Sa Majesté impériale la reine, les excès atroces où le nommé Dorn, commis de Freytag, et cependant notaire impérial, a poussé son insolence.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Voyez la lettre 2569.