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J’ai fait revenir le 17 la caisse où était le livre de poésies du roi, que Sa Majesté redemande. J’ai juré que je n’avais pas transcrit une seule page de ce livre ; j’ai rendu toutes les lettres que j’avais de Sa Majesté ; je me suis soumis à lui rendre toutes celles dont il m’a honoré pendant quinze ans et qu’on pourra retrouver à Paris. Je vous ai signé le 1er juin que je ne sortirais pas jusqu’au retour de la caisse et du livre du roi. La caisse et le livre sont revenus le 17. J’avais cru sur vos promesses par écrit être en droit de partir le 20, d’autant plus que je vous laissais ma caisse et tous mes effets. Je me flatte que le roi écoutera sa clémence en ma faveur, et qu’il aura surtout pitié de l’état horrible où ma nièce est réduite et dont il ne sait pas la moitié. Il sait seulement que ma nièce n’est et ne peut être coupable de rien. Je connais la bonté du cœur du roi, je lui ai demandé pardon des fautes que j’ai pu commettre en soutenant avec trop de vivacité une querelle littéraire. Je lui serai toujours attaché. Je ne dirai jamais assurément un seul mot qui puisse lui déplaire. J’attendrai ses ordres avec résignation. Je ne suis inquiet à présent que pour la vie d’une femme respectable, qui mérite l’estime et la compassion de l’Europe. J’assure encore une fois le roi de ma résignation respectueuse, de mon obéissance à ses ordres. Il peut compter que, n’étant plus à lui, je me regarderai le reste de ma vie comme un homme qui lui a appartenu, que je ne lui manquerai jamais. Je vous supplie de vous joindre à moi pour implorer sa clémence, et de lui envoyer cette lettre.


2597. — DE FREDERSDORFF
de la par du roi de prusse au baron freytag[1].
(reçu le 25 juin).

Seine Königliche Majestät unser allergnädigster Herr lassen Dero Residenten dem Baron von Freytag auf dessen Bericht wegen des Voltaire’s Arretirung zur gnädigsten Resolution ertheilen, dass sobald der Voltaire seinen Revers hat von sich gegeben, selbiger abreisen kann, und habt Ihr nicht Ursache ihn länger aufzuhalten ; die Sachen, so er abgegeben, will ich mil erster Post eingesandt haben. Ich bin Euer wohlaffektionirter


Frdch.

Ordre an den Baron von Freytag, dass er den Voltaire soll abreisen lassen[2]

  1. Éditeur, Varnhagen von Ense.
  2. Traduction : Sa Majesté royale notre très-gracieux maître, fait transmettre à son résident le baron de Freytag, à la suite de son rapport sur l’arrestation de