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sardé tout ce que je rapporte de cette journée si glorieuse pour vous.

Au reste, toute cette histoire est fondée sur les lettres originales de tous les généraux ; et quelques petites circonstances qu’on m’a dites de bouche ne peuvent, je crois, faire aucun tort au reste de l’histoire, quand je rapporte mot pour mot les lettres qui sont dans le dépôt du ministre.

Je souhaite que la guerre sur mer soit aussi glorieuse que la dernière guerre en Flandre l’a été.

Croirez-vous que le roi de Prusse vient de m’envoyer une tragédie de Mèrope mise par lui en opéra ? Il m’avertit cependant qu’il n’est occupé qu’à des traités. Je voudrais que vous vissiez quelque chose de son ouvrage, cela est curieux. Faites vos réflexions sur ce contraste et sur tous ces contrastes. J’aurais pu donner quelques bons avis ; mais je me renferme dans mon obscurité et dans ma solitude, comme de raison.

Je ne doute pas que vous ne voyiez Mme de Pompadour avant votre départ. Je n’ai qu’à vous renouveler mon éternel et respectueux attachement.


3113. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
À Monrion, le 8 février.

Vous me demandez, mon ami, des armes contre les sots ; votre sens commun doit vous suffire. Les petits vers que vous m’avez envoyés sur Lisbonne sont de quelque bel esprit de café ou d’antichambre. Permettez-moi de vous dire que les laquais des gens d’esprit ne m’attribueraient pas ces pauvretés. Ma nièce est très-sensible à votre souvenir. Je vous embrasse de tout mon cœur, et vous remercie de votre attention.

Je suis bien fâché qu’on soit si bête en France ; mais du temps de Boileau on lui attribuait des vers de Cotin.

Je vous dirai, pour nouvelles, que le roi de Prusse vient de m’envoyer ma tragédie de Mèrope, mise par lui en opéra, en vers français. Il travaillait à la fois à cet ouvrage et à son traité.

P. S. J’apprends, dans ce moment, que vos petits vers sont d’un jeune homme de condition[2]. Je les croyais d’un jeune homme en condition. Vale.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Ximenès.