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envoyer une nouvelle lettre à l’Académie française, et je vous supplie de lui donner place dans votre journal. Cette lettre vous instruira de ce que c’est que l’Histoire de la Guerre de 1741, qui parait depuis peu sous mon nom. On me vole un peu en vers comme en prose. L’amitié d’un homme comme vous me console de ce brigandage.


3089. — À M.  THIERIOT[1].
À Monrion, 26 décembre.

Je vous supplie, mon ancien ami, de me mander au juste ce que c’est que la Jeanne qui paraît imprimée.

Voici une lettre en réponse à la Guerre de 1741. On me vole, on me défigure en prose et en vers. Écrivez-moi toujours à la même adresse. Je passerai mon hiver à Monrion, à l’autre bout du lac, près de Lausanne ; j’y suis bien chaudement. MM.  de Lausanne viennent dîner avec moi ; le reste du temps m’appartient. Ma maison est simple et propre ; j’y fais bonne chère. Je voudrais que vous y fussiez.


3090. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Monrion, près de Lausanne, ce 26 décembre.

Est-il bien vrai, monseigneur, que je prends la liberté de vous demander vos bontés pour Mme  ou Mlle  Gouet ? Quel intérêt ai-je à cela ? On dit qu’elle est jeune et bien faite ; c’est votre affaire, et non la mienne. Elle veut chanter les Cantiques de Moncrif chez la reine ; elle demande à entrer dans la musique, et il faut que, du pied du mont Jura, je vous importune pour les plaisirs de Versailles ! On s’imagine que vous avez toujours quelque bonté pour moi, et on me croit en droit de vous présenter des requêtes. Mais si Mlle  Gouet est si bien faite, et si elle a une si belle voix, la liberté que je prends est très-inutile ; et si elle n’avait, par malheur, ni voix ni figure, cette liberté serait plus inutile encore. Je devrais donc me borner à vous demander pour moi tout seul la continuation de vos bontés. Je ne suis plus à mes Délices ; je passe mon hiver dans une maison plus chaude, que j’ai auprès de Lausanne, à l’autre bout du lac. Un village a été abîmé, à quelques lieues de nous, par un tremblement de terre, le 9 du mois. En attendant que mon tour vienne, je vous renouvelle

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.