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Je n’ai point à Monrion le manuscrit de la Guerre de 1741 : il faudra que j’aille le chercher aux Délices. Je vous avertis seulement que ce temps-ci n’est pas propre à donner tant d’ouvrages à la fois. Ces infâmes éditions subreptices, données coup sur coup, font grand tort à la véritable, que vous préparez. Il faut laisser au public le temps de se remettre en goût. C’est ce que j’écris très-fortement à Lambert.

Patientons : la terre ne tremblera pas toujours ; je ne serai pas toujours volé et barbouillé, Mme  Denis vous remercie de votre souvenir. Mille tendres compliments à toute votre famille.


3086. — À M.  PICTET,
professeur en droit.
À Monrion, près Lausanne, 21 décembre.

J’ai mille grâces à vous rendre, mon très-cher et très-aimable professeur, aussi bien qu’à Mme  Pictet. Elle a écrit à Mme  Denis une lettre charmante, et j’ai reçu de vous un billet très-savant. La science et les grâces sont dans votre famille. Le sieur Falconnet a fait à Paris la même remarque que vous. Le Portugal est miné depuis longtemps. Reposons-nous à l’abri des Alpes, Quand serai-je assez heureux pour être encore votre voisin et celui de Mme  Pictet : Oserais-je vous prier de lui présenter mes tendres respects ? Je n’oublierai jamais vos bontés ni les siennes. Je me mets aux pieds de Mme  Pictet et de la belle Nanine, tout indigne que j’en suis. V.


3087. — À MESSIEURS DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE.
Le 21 décembre.

Messieurs, daignez recevoir mes très-humbles remerciements de la sensibilité publique[1] que vous avez témoignée sur le vol et la publication odieuse de mes manuscrits, et permettez-moi d’ajouter que cet abus, introduit depuis quelques années dans la librairie, doit vous intéresser personnellement ; vos ouvrages, qui excitent plus d’empressement que les miens, ne seront pas exempts d’une pareille rapacité.

L’Histoire prétendue de la Guerre de 1741, qui parait sous mon

  1. Voyez la lettre de Voltaire à l’Académie française, et la réponse de l’Académie (nos 3058 et 3064).