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À propos de l’article Fornication, il y a encore un autre f qui a son mérite, mais je ne crois pas qu’il m’appartienne d’en parler.

Adieu, mon cher confrère ; donnez-moi vos ordres. Je vous suis tendrement dévoué à plus d’un titre.

Le malingre V.

3078. — À M.  TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 10 décembre.

Vous apprendrez, monsieur, par toutes les lettres de cet ordinaire, que nous avons été honorés aussi d’un petit tremblement de terre. Nous en sommes pour une bouteille de vin muscat qui est tombée d’une table, et qui a payé pour tout le territoire. Il est heureux d’en être quitte à si bon marché. Ce qui m’a paru d’assez singulier, c’est que le lac était tout couvert d’un nuage très-épais par le plus beau soleil du monde. Il était deux heures vingt minutes ; nous étions à table dans nos petites Délices, et le dîner n’en a pas été dérangé. Le peuple de Genève a été un peu effaroucbé ; il prétend que les cloches ont sonné d’elles-mêmes ; mais je ne les ai pas entendues.


3079. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices. 10 décembre.

Je vous envoie, mon cher ange, une tragédie[2] que vous recevrez par une occasion. Ne vous alarmez pas ; cette tragédie n’est pas de moi ; je ne suis pas un homme à combattre le lendemain d’une bataille. La pièce est d’un de mes amis, à qui je voudrais bien ressembler. Je crois qu’elle peut avoir du succès, et je crains que l’amitié ne me fasse illusion. Je soumets l’ouvrage à vos lumières : l’auteur et moi, nous nous en rapportons à vous avec confiance. Soyez le maître de cette tragédie comme des miennes ; vous pouvez la faire donner secrètement aux comédiens. Mon cher ange, pendant que vous vous amuserez à faire jouer celle-là, je vous en mettrai une autre sur le métier, afin que vous ne chômiez pas, car ce serait conscience. Est-il vrai qu’il paraît dans Paris deux ou trois éditions d’une pauvre héroïne nommée Jeanne, et qu’il y en a d’aussi indécentes que fau-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Nicéphore, tragédie de Tronchin, conseiller d’État à Genève.