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dans une désolation si générale. Portez-vous bien, vous, Mme d’Argental, et tous les anges, et tâchez de tirer parti, si vous pouvez, de cette courte et misérable vie ; je suis bien fâché de passer les restes de la mienne loin de vous. S’il y a quelques nouvelles sur Jeanne, je vous supplie de ne me laisser rien ignorer.

Je vous embrasse bien tendrement.


3070. — À M. PICTET[1],
professeur en droit.

Oui, les Anglais prennent tout, la France souffre tout, les volcans engloutissent tout. Beaumont, qui a échappé, mande qu’il ne reste pas une maison dans Lisbonne ; c’est l’optimisme. Mme Denis vient demain au soir.

Nous sommes, l’un et l’autre, très-tendrement attachés à nos voisins.


Aux Délices, près de Genève, 1er décembre.

On ne peut vous connaître, monsieur, sans s’intéresser vivement à vous. J’ai appris votre maladie avec un véritable chagrin. Je n’ai pas besoin du


Non ignara mali, miseris succurrere disco,

Virg., Æn., I, v. 630.)


pour être touché de ce que vous avez souffert. Je suis beaucoup plus languissant que vous ne m’avez vu, et je n’ai pas même la

  1. Ce billet sans date, mais qui doit être du 1er décembre 1755, est adressé à Pierre Pictet, membre d’une famille genevoise ancienne et distinguée. Le professeur en droit Pictet devint, par la suite, beau-père de Samuel Constant de Rebecque, frère puîné de Constant d’Hermenches, et oncle du grand publiciste Benjamin Constant. — Voyez plus bas les lettres 3080, 3141 et 3185.