Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/489

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loir bien conserver, sans scrupule, ces deux vers au premier acte :


Voilà ce que cent voix, en sanglots superflus,
Ont appris dans ces lieux à mes sens éperdus.

(Scene i)

Vous pouvez être très-sûre que les sanglots n’ont pas d’autre passage que celui de la voix ; et, si on n’est pas accoutumé à cette expression, il faudra bien qu’on s’y accoutume.

Je vous demande grâce aussi pour ces vers :


Les femmes de ces lieux ne peuvent m’abuser ;
Je n’ai que trop connu leurs larmes infidèles.

(Acte III, scène i.)

Le parterre ne hait pas ces petites excursions sur vous autres, mesdames.

Je prie Gengis de vouloir bien dire, quand vous paraissez :


Que vois-je ? est-il possible ? ciel ! ô destinée !
Ne me trompé-je point ? est-ce un songe, une erreur !
C’est Idamé, c’est elle ; et mes sens, etc.

(Acte III, scène i.)

Je suppose que vous ménagez votre entrée de façon que Gengis-kan a le temps de prononcer tout ce bavardage.

Je demande instamment qu’on rétablisse la dernière scène du quatrième acte, telle que je l’ai envoyée à M. d’Argental ; elle doit faire quelque effet si elle est jouée avec chaleur ; du moins elle en faisait lorsque je la récitais, quoique j’aie perdu mes dents au pied des Alpes.

Je ne peux pas concevoir comment on a pu ôter de votre rôle ce vers au quatrième acte :


Les lois vivent encore, et l’emportent sur vous.


C’est assurément un des moins mauvais de la pièce, et un de ceux que votre art ferait le plus valoir. Il n’est pas possible de soutenir le vers qu’on a mis à la place :


Mon devoir et ma loi sont au-dessus de vous ;
Je vous l’ai déjà dit.


Vous sentez qu’un devoir au-dessus de quelqu’un n’est pas une expression française, et ce malheureux Je vous l’ai déjà dit ne