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Mme  Denis et moi, nous vous présentons nos plus tendres respects.


2995. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].
Près de Genève, 28 août 1755.

Madame, je n’importune pas tous les jours Votre Altesse sérénissime de mes lettres ; mais il n’y a point de jour où je ne parle d’elle, où je ne m’entretienne de ses bontés, et où je ne préfère la forêt de Thuringe au lac de Genève. Je m’occupe du soin de mériter la continuation de sa bienveillance ; et, ne pouvant actuellement me mettre à ses pieds, je songe du moins à lui procurer de loin quelques petits amusements. Je voudrais lui envoyer cette Jeanne, que j’ai tâché d’embellir sans l’orner de pompons. J’ai fait ce que j’ai pu pour qu’elle parût décemment devant Votre Altesse. J’ai voulu que sa beauté fût piquante sans avoir jamais l’air effronté, que vous la vissiez avec quelque plaisir sans trop rougir pour elle ; qu’enfin elle fût digne d’occuper une place dans votre maison. Il ne s’agit plus, madame, que de l’envoyer à vos pieds : elle serait déjà partie, si je savais comment l’adresser. Il me semble qu’il y a un banquier à Strasbourg qui reçoit quelquefois des ordres de Votre Altesse : si je savais son nom, je lui adresserais le paquet. J’attends vos ordres, madame ; mais je ne me console point d’être hors de portée de venir les demander moi-même, et d’arriver avec la fille d’honneur que je veux vous présenter. La grande maîtresse des cœurs veillerait sur sa conduite et la rendrait digne de vous plaire ; je lui servirais de vieux sigisbé. Mais faut-il se borner à ne présenter que de loin mon profond respect à Votre Altesse sérénissime ?


2996. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux tristes Délires, 29 août.

Mon divin ange, je reçois votre lettre du 21 ; je commence par les pieds de Mme  d’Argental, et je les baise, avec votre permission, enflés ou non. J’espère même qu’ils pourront la conduire à la Chine, et qu’elle entendra Lekain, ce qui est, dit-on, très-difficile. On prétend qu’il a joué un beau rôle muet ; mais, mon cher et respectable ami, je ne suis touché que de vos bon-

  1. Éditeurs, Bavoux et François.