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2958. – À M. DUPONT.
26 juillet.

J’ai eu l’honneur, mon cher ami, de voir M. le marquis de Paulmy, et le plaisir de lui parler de vous. Il a trop de mérite pour ne pas favoriser les gens qui en ont ; il aime les beaux-arts autant que vous. Si vous étiez assez heureux pour l’entretenir, il verrait bientôt que vous êtes fait pour l’agréable et pour l’utile ; et s’il affectionne la province d’Alsace, s’il veut qu’il y ait beaucoup d’esprit dans le pays, il faut qu’il y vienne souvent, et qu’il vous y donne quelque place. Je regrette ce pays-là, puisqu’il en a le département, et que vous y êtes. Je ne me flatte pas d’avoir un grand crédit auprès de lui, mais vous en aurez quand il vous connaîtra. Présentez-vous à lui hardiment. Qu’il fasse ou qu’il ne fasse pas quelque chose pour vous, vous aurez toujours le bonheur de l’avoir vu. On est peu accoutumé en France à des secrétaires d’État si aimables. Plût à Dieu que vous fussiez attaché particulièrement à lui ! Il vaudrait encore mieux lui plaire qu’au sénat de Colmar. Je vous embrasse de tout mon cœur. V.


2959. — À M. DEVAUX.
Aux Délices. 26 juillet.

Mon très-cher Panpan, votre souvenir ajoute un nouvel agrément à la douceur de ma retraite. Je vous prie de remercier de ma part la très-bonne compagnie que vous dites ne m’avoir pas oublié. Si j’étais d’une assez bonne santé pour voyager encore, je sens que je ferais bien volontiers un tour en Lorraine ; mais je prendrais trop mal mon temps, lorsque vous en partez.

Je suis bien loin actuellement de songer à des comédies, mais faites-moi savoir le titre de la vôtre ; j’écrirai un petit mot à l’aréopage, et je tâcherai de vous faire avoir votre entrée[1] : trop heureux de vous procurer des plaisirs que je ne peux partager.

Je vous embrasse tendrement. V.

  1. Voyez plus bas la lettre 3022.