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Je la supplie de me conserver toujours cette bienveillance précieuse dont elle m’a honoré. Je suis le plus inutile de ses serviteurs ; mais je me flatte qu’elle ne dédaignera pas l’hommage d’un ermite qui ne tient plus sur la terre qu’à elle seule, et qui sera jusqu’au dernier moment pénétré pour elle du plus profond respect et d’une reconnaissance infinie.


2939. — À M. DE BRENLES.
Aux Délices, 18 juin.

J’attends votre prose[1], mon cher ami, et je vous envoie des vers[2]. Ils ne sont pas trop bons, mais c’est l’éloge de votre pays ; je le louerais de bien meilleur cœur, si j étais à Monrion avec vous. Je compte y aller dès que j’aurai arrangé quelques affaires que j’ai ici. Nous parlerons de l’affaire de Grasset, mais je n’aurai point de termes pour vous exprimer ma reconnaissance.

Mille tendres respects à la philosophe qui vous rend heureux et qui vous doit son bonheur. V.


2940. — À MADAME DE FONTAINE.
à paris.
18 juin.

Vraiment, ma chère nièce, vos ouvrages me consoleront bien des miens ; nous les attendons avec impatience par M. Tronchin[3]. Plût à Dieu que vous eussiez pu les apporter vous-même ! Vous ornez notre solitude, en attendant que vous nous y rendiez heureux.

Nous avons béni Dieu, et fait notre compliment au digne bénéficier[4]. L’Église est sa vraie mère ; elle lui donne plus qu’il n’a de patrimoine ; mais je ne serai point content qu’il ne soit évêque.

Pour moi, je vois bien que je ne serai que damné. Cela est injuste, car je le suis un peu dans ce monde. Quelle étrange idée a passé dans la tête de notre ami[5] ! Je suis bien loin du des-

  1. Voyez une note de la lettre 2947.
  2. L’Epître sur le lac de Genève, tome X.
  3. Banquier à Lyon.
  4. L’abbé Mignot ; voyez lettre 2880.
  5. Le marquis de Florian, oncle du chevalier de Florian, qui était alors au berceau. Le marquis de Florian, appelé par Voltaire grand écuyer de Cyrus, dans plusieurs lettres, épousa Mme de Fontaine en 1762.