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Paris m’exposer à des billets de confession : je crains les monarques et les évêques. Je vivrai et je mourrai en paix, s’il plaît à la destinée, la souveraine de ce monde : car j’en reviens toujours là ; c’est elle qui fait tout, et nous ne sommes que ses marionnettes. Si je n’avais pas été condamné à passer presque tout le mois de mars dans mon lit par cette destinée, qui prédétermine les corps et les âmes, j’aurais écrit plus tôt à ma protectrice, à ma bienfaitrice, à celle qui aura toujours mes premiers respects et les premiers hommages de mon cœur.

Nous avons à Genève le premier ministre de Cassel, qui a été autrefois gouverneur du prince, et qui vient demander pardon aux cendres de Calvin de la désertion de son pupille.

Recevez, madame, les profonds respects que je présente à Votre Altesse sérénissime et à votre auguste maison.


2897. — À M. LE CONSEILLER TRONCHIN[1].

Vous ne m’avez rien fait dire, mon cher séducteur. Monsieur votre frère, le prêtre, m’avait promis de dire à la vénérable compagnie que je suis son très-humble valet ; je me flatte qu’il s’en souviendra. Celui qui vous doit l’air qu’il respire ici n’y doit déplaire à personne. Je veux bien que vos ministres aillent à l’Opéra-Comique ; mais je ne veux pas qu’on représente dans ma maison, devant dix personnes, une pièce pleine de morale et de vertu, si cela leur déplaît.


2898. — À M. DUPONT,
avocat.
Aux Délices, près de Genève, 28 mars.

Je n’ai que le temps, mon cher ami, de vous mander que j’ai fait partir votre mémoire. Votre dessein sans doute n’est pas qu’il soit présenté tel que vous me l’avez envoyé ; vous ne prétendez pas obtenir une grâce extraordinaire du ministre, en lui disant qu’il suffit qu’une chose soit utile pour qu’on ne la fasse point. Il y a quelques autres douceurs qui pourraient aussi effaroucher un peu le docteur bénévole. Enfin le mémoire est parti. Tout ce que je crains, c’est de m’adresser à M. de Paulmy pour une chose qui dépend probablement du chancelier, comme j’écrivis à

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.