Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais tout le monde ne peut pas faire ce mieux, et chacun est dirigé par son instinct et par son destin.

Vous ne me dites rien de votre fils ; je l’embrasse. Je fais mes compliments à tout ce que vous aimez.

Adieu, la sœur et le frère ; vous êtes charmants de ne pas oublier ceux qui sont aux bords du Rhin.


2788. — DE CHARLES-THÉODORE,
électeur palatin.
Schwetzingen, ce 17 septembre.

J’ai relu jusqu’à trois fois, monsieur, la tragédie[1] que vous m’avez fait le plaisir de m’envoyer. J’y ai toujours trouvé de nouvelles beautés. Enfin j’en suis enchanté, et suis bien empressé de la faire jouer. Pourtant, si je savais que votre santé vous permit bientôt de vous donner la peine de recorder les acteurs, j’attendrais encore pour avoir le plaisir complet, d’autant plus que, bien que je n’y aie rien trouvé de trop allégorique aux affaires du temps, je ne voudrais pas la faire donner sans votre aveu, dont je ne doute pourtant pas, croyant que vous ne voudriez pas priver le public de la satisfaction de voir et d’admirer une si belle pièce. Trois ou quatre personnes de goût qui l’ont lue n’ont pu en faire assez l’éloge, et elles en ont été touchées jusqu’aux larmes. Je vous assure, monsieur, que l’estime qu’on doit avoir pour des talents si supérieurs ne peut qu’augmenter ; et c’est avec ces sentiments que je suis, etc.


Charles-Théodore, électeur.

2789. — À M. ROYER[2].
Le 20[3].

J’avais eu, monsieur, l’honneur de vous écrire, non-seulement pour vous marquer tout l’intérêt que je prends à votre mérite et à vos succès, mais pour vous faire voir aussi quelle est ma juste crainte que ces succès si bien mérités ne soient ruinés par le poëme[4] défectueux que vous avez vainement embelli. Je peux vous assurer que l’ouvrage sur lequel vous avez

  1. L’Orphelin de la Chine.
  2. Jos.-Nic.-Pancrace Royer, né en Savoie en 1705, fut nommé par Louis XV inspecteur général de l’Opéra en 1753, et compositeur de la chambre du roi, en 1754 ; il mourut le 11 janvier 1755.
  3. C’est à tort, croyons-nous, qu’on a toujours daté cette lettre du 20 mars. Voyez la lettre qui suit.
  4. Pandore.